Libérer le potentiel des chaînes d’approvisionnement inclusives : faits saillants du panel sur la diversité des fournisseurs au Sommet national de WEOC 2025

Le 8 mai dernier, des leaders de l’écosystème entrepreneurial, des entrepreneures ainsi que des actrices et acteurs du changement provenant de l’ensemble du Canada se sont réunis à Winnipeg dans le cadre du Sommet national du WEOC 2025 afin de faire avancer des stratégies visant à bâtir une économie plus inclusive et plus résiliente.
Parmi les discussions les plus percutantes de la journée figurait le panel sur la diversité des fournisseurs, animé par Sabine Soumare, directrice générale du Portail de Connaissances pour les Femmes en Entrepreneuriat (PCFE).
Le panel rassemblait Christina Rodrigues (Conseil canadien des fournisseurs autochtones et minoritaires), Danielle Barkman (Women Business Enterprises Canada Council), Darrell Schuurman (Chambre de commerce 2SLGBTQI+ du Canada) et Ruth Vachon (Réseau des Femmes d’Affaires du Québec). Ensemble, ils ont exploré la manière dont la diversité des fournisseurs, soit la pratique d’un approvisionnement intentionnel auprès d’entreprises dirigées par des femmes, des personnes autochtones, racisées, 2SLGBTQI+ et d’autres groupes historiquement sous-représentés, constitue bien plus qu’un engagement social. C’est une véritable stratégie d’affaires qui stimule l’innovation et renforce la résilience des chaînes d’approvisionnement.
En dépit de l’avancée des initiatives, les panélistes ont souligné que des barrières systémiques continuent de freiner la pleine participation des fournisseurs issus de la diversité. Christina Rodrigues a noté que les processus d’appel d’offres sont souvent trop complexes et exigeants en ressources, ce qui représente un défi de taille pour les petites entreprises et celles dirigées par des femmes. Elle a également souligné que les délais de paiement prolongés constituent un obstacle majeur à la viabilité financière de ces fournisseurs.
Danielle Barkman a cité les résultats d’un rapport récent du Women Business Enterprises Canada Council (WBE Canada), qui a mis en lumière les principaux obstacles auxquels font face les entrepreneures. Parmi ceux-ci figurent le manque de ressources, la forte concurrence des grandes entreprises, les stéréotypes liés au genre, un accès limité au capital, une perception de l’aversion au risque ainsi qu’un manque de mentors féminins capables de les guider dans les chaînes d’approvisionnement des grandes entreprises.
Darrell Schuurman a ajouté que de nombreux entrepreneurs 2SLGBTQI+ choisissent de ne pas s’auto-identifier par crainte de discrimination, ce qui réduit leur visibilité dans les processus d’approvisionnement, malgré l’existence de programmes conçus pour les soutenir.
Dans une démarche prospective, Ruth Vachon a présenté l’approche proactive adoptée par le Réseau des Femmes d’Affaires du Québec (RFAQ) grâce au Projet de croissance inclusive Maïa, lancé en mars 2024 grâce à un financement fédéral de 3,7 millions de dollars provenant du Fonds de l’écosystème de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat (SFE). Ce projet vise à sensibiliser les entreprises aux avantages commerciaux liés à la diversité des fournisseurs, tout en offrant de la formation et du soutien aux entrepreneures qui souhaitent intégrer les chaînes d’approvisionnement. Ce travail répond directement aux lacunes identifiées dans le sommaire exécutif 2025 de L’état des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Canada, qui révèle que, malgré une contribution de plus de 90 milliards de dollars à l’économie et la création de plus de 865 000 emplois, les entrepreneures demeurent sous-représentées au sein des processus d’approvisionnement à l’échelle du pays.
Le panel s’est également penché sur les grandes tendances du marché, notamment le recul préoccupant de certains programmes de diversité des fournisseurs chez des entreprises américaines. Bien qu’elle reconnaisse les risques associés à ce phénomène, Ruth Vachon y voit un appel à l’action : une occasion pour les organisations canadiennes de montrer l’exemple et de promouvoir le développement de chaînes d’approvisionnement inclusives.
En clôture de séance, Sabine Soumare a rappelé aux participantes et participants que le changement réel et durable repose sur une collaboration étroite entre les gouvernements, les entreprises et l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial. Elle a souligné que la diversité des fournisseurs ne constitue pas une tendance passagère, mais bien une voie essentielle pour bâtir une économie plus forte, inclusive et résiliente au bénéfice de toutes et tous au Canada.