Entrepreneuriat au sein des communautés immigrantes : défis, opportunités et innovation dans l’économie canadienne en évolution

Du 13 au 15 mars 2025, le Sommet national Metropolis s’est tenu au Westin Harbour Castle à Toronto, rassemblant plus de 1 100 participantes venues discuter des enjeux importants liés à l’immigration au Canada. Alors que le pays continue de faire face à des défis complexes en matière de politique d’immigration — notamment les limitations quant au nombre de nouveaux arrivants — les chercheur·e·s présent·e·s au sommet ont souligné à quel point les personnes immigrantes jouent depuis longtemps un rôle essentiel dans la croissance et la prospérité de l’économie canadienne. Co-organisé par le Diversity Institute (DI), le sommet a accueilli plusieurs sessions animées par des représentant·e·s du DI, dont une dirigée par Zohreh Hassannezhad, associée principale de recherche. Sa session portait sur les défis et les occasions uniques auxquels font face les entrepreneur·e·s issu·e·s de l’immigration au Canada, mettant en lumière la manière dont ces personnes façonnent l’économie canadienne tout en surmontant des obstacles tels que l’accès au financement, la reconnaissance des diplômes et le manque de capital social.
Les entrepreneures issues de l’immigration au Canada
Zohreh Hassannezhad a ouvert sa session en présentant des données clés sur l’entrepreneuriat immigrant, soulignant l’importance de ce groupe dans l’économie canadienne. Les personnes immigrantes représentent environ 23 % de la population canadienne. Cette population est notablement plus jeune, avec un âge moyen de 28 ans, comparativement à 42 ans pour l’ensemble de la population canadienne, et elle est hautement éduquée, 55,3 % détenant un baccalauréat ou un diplôme supérieur. « Elles embauchent beaucoup plus de gens. Elles bâtissent des entreprises », a-t-elle affirmé, en citant des données montrant que les personnes immigrantes sont à la tête de 32 % des entreprises canadiennes ayant du personnel salarié, générant des emplois dans tous les secteurs économiques.
Malgré ces indicateurs positifs, Hassannezhad a souligné que les entrepreneur·e·s immigrant·e·s font face à des obstacles systémiques. Bon nombre d’entre eux·elles se tournent vers l’entrepreneuriat par nécessité, en raison de barrières à l’accès à des emplois traditionnels. « Leur entrepreneuriat est surtout un moyen de subsistance », a-t-elle expliqué. Parmi les autres obstacles figurent la non-reconnaissance des diplômes étrangers, des difficultés d’accès au financement — les personnes immigrantes étant souvent désavantagées en raison de leur absence d’historique de crédit ou de préjugés dans l’octroi de prêts. De plus, les barrières linguistiques peuvent nuire au réseautage et à l’expansion sur les marchés, tandis que le manque de capital social isole davantage ces entrepreneur·e·s des opportunités économiques.

Les femmes entrepreneures stimulent l’innovation
Le Portail de Connaissances pour les Femmes en Entrepreneuriat (PCFE) du Diversity Institute a récemment publié le sommaire exécutif de son rapport annuel L’état des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Canada 2025, qui révèle que les femmes immigrantes tirent de plus en plus parti de leur bagage culturel pour créer des entreprises innovantes, notamment dans le secteur de l’alimentation. Des programmes comme le Programme national de prêts des Organisations d’aide aux entreprises dirigées par des femmes du Canada et le Réseau pour l’entrepreneuriat des femmes immigrantes (IWEN) jouent un rôle essentiel en offrant à ces entrepreneures de la formation, du mentorat et un accès au financement. Le programme IWEN, par exemple, fournit un accompagnement adapté aux femmes immigrantes et réfugiées, notamment par le biais d’occasions de mentorat et de réseautage, afin de les aider à surmonter les défis liés au lancement et à la croissance de leur entreprise.
Initiatives clés pour soutenir les entrepreneures immigrantes
La session a également mis en lumière plusieurs initiatives majeures destinées à soutenir les entrepreneur·e·s issu·e·s de l’immigration. Hassannezhad a mentionné des programmes tels que le Newcomer Entrepreneurship Hub, MindFrame Connect et le Programme de leadership entrepreneurial pour les communautés noires, africaines et caribéennes (BACEL), qui soutiennent les propriétaires d’entreprises immigrant·e·s par le biais de formations. MindFrame Connect, qui met en relation des mentor·e·s et des mentoré·e·s, a formé plus de 150 participant·e·s et permis de tisser des liens à travers l’écosystème entrepreneurial. Grâce au programme BACEL, plus de 550 entrepreneur·e·s ont été formé·e·s, dont plusieurs ont souligné que l’accès au financement et à des réseaux était l’élément ayant eu le plus grand impact.
Libérer le plein potentiel des entrepreneures immigrantes
Malgré les obstacles, le potentiel des entrepreneur·e·s issu·e·s de l’immigration demeure élevé. Hassannezhad a conclu en insistant sur la nécessité de mettre en place des systèmes de soutien intégrés, proposant des solutions centralisées (« guichets uniques ») pour répondre aux barrières linguistiques, à l’accès au financement et aux besoins en réseautage. Elle a également souligné l’importance du mentorat et de l’accompagnement, tout en encourageant la valorisation des réseaux et expériences internationales comme avantages concurrentiels.
Elle a fait référence à un ouvrage récemment publié par le Diversity Institute, Immigrant Entrepreneurship: Challenges and Opportunities, qui explore en profondeur les dimensions, défis et occasions rencontrés par les entrepreneur·e·s immigrant·e·s au Canada et ailleurs — une ressource précieuse pour quiconque souhaite en apprendre davantage sur le sujet. Pour conclure, elle a rappelé que les personnes immigrantes continuent de jouer un rôle clé dans l’économie canadienne, représentant 32 % des propriétaires d’entreprises avec personnel salarié. Toutefois, pour libérer pleinement ce potentiel, il est essentiel de lever les barrières à leur réussite. Des systèmes de soutien renforcés, des formations ciblées et un meilleur accès au financement seront cruciaux pour permettre à ces entrepreneures de s’épanouir et de continuer à contribuer à la croissance économique du Canada.