Une étude du Diversity Institute (Université Ryerson) révèle que les définitions de l’entrepreneuriat équivoques et axées sur les hommes nuisent à la réussite des femmes
Toronto (Ontario), le 23 novembre 2020. Dans le sillage de la semaine mondiale pour l’entrepreneuriat (Global Entrepreneurship Week) et de la journée mondiale de l’entrepreneuriat féminin (Women’s Entrepreneurship Day), le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) publie un rapport inédit intitulé Femmes entrepreneures – Au-delà des stéréotypes et lance une campagne de sensibilisation afin de mettre à l’honneur les femmes entrepreneures au parcours exceptionnel et de briser les stéréotypes masculins de l’entrepreneuriat. Ces derniers mois, le PCFE a mis au point une base de données qui référence plus de 700 entrepreneures canadiennes de tous horizons et de tous secteurs d’activité qui se sont démarquées et ont été récompensées pour leur travail. Cette base de données sera enrichie et mise à disposition du grand public. Baptisées « S’inspirer. Se réaliser. », la campagne et la base de données braqueront les projecteurs sur des femmes entrepreneures de talent, avec pour ambition de lutter contre les stéréotypes.
« Nous savons que les noms de Bill Gates, Steve Jobs et Mark Zuckerberg viennent souvent à l’esprit lorsque l’on parle d’“entrepreneur”, explique Wendy Cukier, fondatrice du Diversity Institute et directrice des études du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat. Le concept est étroitement associé au stéréotype de l’homme blanc travaillant dans la technologie. Nous savons également qu’il est difficile de se réaliser sans source d’inspiration. »
Le rapport du PCFE fait le point sur la littérature et analyse de quelle manière les stéréotypes de l’entrepreneuriat profondément ancrés dans la société empêchent les femmes de créer leur entreprise, occasionnent un manque de reconnaissance de leur statut d’entrepreneure et freinent leur avancement. On estime que la correction des inégalités hommes-femmes dans l’entrepreneuriat pourrait à elle seule relever le PIB du Canada de 81 milliards de dollars.
« La littérature foisonne en publications consacrées aux difficultés rencontrées par les femmes pour obtenir les ressources nécessaires à la création et au développement de leur entreprise, que ce soit dans le domaine de la technologie, des services, des arts ou de l’entrepreneuriat social, note Wendy Cukier. La source de ces obstacles réside souvent dans les problèmes structurels, la discrimination systémique, les biais cognitifs et les stéréotypes liés à l’entrepreneuriat. Qui plus est, ces stéréotypes orientent la conception des programmes, dont certains profils se retrouvent, de fait, exclus, et jouent sur les décisions en matière de financement et d’investissement. Pire, l’association étroite entre le concept d’entrepreneur et les hommes travaillant dans le secteur de la technologie modèle les ambitions des jeunes femmes, dont la plupart ne s’imaginent pas pouvoir réaliser leur rêve et devenir entrepreneures.
Beaucoup restreignent l’entrepreneuriat au secteur de la technologie et aux sociétés dirigées par un homme blanc. Certes, les jeunes pousses de ce secteur jouent un rôle moteur dans l’écosystème entrepreneurial, mais d’autres entrepreneurs – des femmes notamment – œuvrent dans chaque secteur et chaque communauté du pays. [Encore une fois], il est difficile de se réaliser sans source d’inspiration. »
Le rapport Femmes entrepreneures – Au-delà des stéréotypes révèle que les conceptions dominantes de l’entrepreneuriat et les biais systémiques figurent parmi les écueils les plus redoutables et les plus difficiles à surmonter pour les femmes entrepreneures. D’après certaines études, le terme « entrepreneur » évoque le plus souvent une personne qui détient majoritairement une PME. Or, au Canada, seuls 16 p. 100 des PME (soit 114 000) sont détenus majoritairement par des femmes. En revanche, lorsqu’on examine la population des travailleurs autonomes du pays, la part des femmes grimpe à 38 p. 100 (soit plus d’un million de femmes). Si d’autres publications révèlent par ailleurs que les femmes sont plus présentes dans le tertiaire que dans le domaine de la technologie, on constate cependant que la plupart des programmes et services répondent en premier lieu aux besoins des entreprises technologiques.
De nombreuses femmes d’affaires canadiennes dont la fortune frôle le milliard échappent aux stéréotypes de l’entrepreneur. Céline Dion en est un exemple éloquent. À la tête d’un empire du divertissement, la chanteuse n’a cessé d’investir dans des restaurants, des boîtes de nuit, une ligne de parfums – qui lui aurait rapporté plus 850 millions de dollars – et créé Feelings Inc., une société de gestion de talents. Sa fortune est estimée à 800 millions de dollars.
Les entrepreneures canadiennes qui ont réussi sont présentes dans tous les secteurs, que ce soit l’agroalimentaire, la construction, les transports, les médias ou la technologie. La fortune de Mandy Rennehan, fondatrice de l’empire de la construction Freshco Inc., est évaluée à 650 millions de dollars, tandis que Summer Fresh, l’entreprise de salades, tartinades et hors-d’œuvre créée par la scientifique Susan Niczowski et sa mère, enregistre plus de 100 millions de dollars de recettes par an. D’autres femmes, telles que Shahrzad Rafati, fondatrice et directrice générale de BBTV Holdings et Broadband TV, font jeu égal avec Google et d’autres géants internationaux des technologies. Tessa Fraser, fondatrice et directrice générale de la compagnie aérienne Iskwew Air, a quant à elle brisé le plafond de verre dans le domaine de l’aviation. Autre exemple : Manjit Minhas, qui a su hisser sa brasserie et sa distillerie au sommet du succès, finance à son tour d’autres femmes au travers de l’émission Dans l’œil du dragon, qui réalise le rêve d’aspirants entrepreneurs et dont elle est la plus jeune investisseuse en capital-risque. Sans compter les nombreuses femmes entrepreneures qui consacrent toute leur énergie à réaliser les objectifs de développement durable pour éradiquer la pauvreté, réduire les inégalités et lutter contre le changement climatique. L’entrepreneure sociale Zita Cobb, ex-investisseuse spécialisée dans la technologie, a ainsi fondé la Shorefast Foundation et a, avec le seul appui de la communauté, transformé sa terre natale, l’île Fogo, en destination touristique de luxe. Elle contribue en parallèle à redynamiser la province de Terre-Neuve-et-Labrador.
Wendy Cukier précise que « la perception de “ce qui relève ou non de l’entrepreneuriat” crée une distorsion de la réalité, mais entraîne aussi des difficultés pour les entrepreneurs qui ne correspondent pas aux stéréotypes. La réussite des femmes entrepreneures de tous les secteurs, leur représentation dans les médias, dans la politique, dans le milieu universitaire et dans le monde des affaires détermine et reflète la culture, les attitudes et les valeurs [de la société]. Et tout cela contribue à influencer le comportement de chacun. »
Il a été difficile de choisir qui mettre à l’honneur au travers de la campagne « S’inspirer. Se réaliser. » tant le paysage économique canadien est riche de ces femmes entrepreneures émérites. D’ici la journée mondiale de l’entrepreneuriat féminin, qui se tiendra en mars 2021, le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat retracera le parcours de 1 000 femmes entrepreneures. Son ambition? Faire en sorte que dans l’esprit du public canadien, la réussite entrepreneuriale n’évoque plus les hommes blancs de la Silicon Valley, mais les femmes de leur pays.
À propos du PCFE : le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) regroupe un réseau national et une plateforme numérique ouverte qui ont pour but mettre en commun des recherches, des ressources, ainsi que des stratégies novatrices. Sous la direction du Diversity Institute, appuyé par le Brookfield Institute for Innovation + Entrepreneurship et la Ted Rogers School of Management de l’Université Ryerson, le PCFE pilote dix centres régionaux répartis à travers le Canada et dirige une équipe de chercheurs, d’organismes de soutien aux entreprises et d’acteurs de premier plan dans l’optique de créer un environnement plus inclusif et propice à l’essor de l’entrepreneuriat féminin au Canada.
Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec Kathleen Powderley en écrivant à l’adresse [email protected] ou en composant le numéro 416 803-5597.