La plus grande étude menée au Canada sur les femmes entrepreneures noires révèle des défis importants, mais aussi de la résilience et de l’optimisme
Toronto, Ontario, 15 avril 2021 : La plus grande étude sur les femmes entrepreneures noires au Canada révèle qu’elles sont confrontées à des obstacles considérables en matière de financement, notamment le coût d’emprunt. Elle renforce également les recherches antérieures suggérant que les expériences de préjugés et de racisme sur le lieu de travail les poussent souvent à lancer leur propre entreprise. Cependant, l’étude montre que de nombreuses femmes noires ont été attirées par l’entrepreneuriat pour répondre à des besoins non satisfaits sur le marché des produits et des services, pour célébrer leur culture et pour rendre service à leur communauté.
Élévation : Une étude portant sur 700 femmes entrepreneures noires a été publié par la Black Business and Professional Association (BBPA), la Casa Foundation for International Development et De Sedulous Women Leaders avec des chercheurs du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) qui ont contribué à l’analyse de la littérature disponible sur les entrepreneures noires et des données provenant d’un questionnaire adressé à 700 entrepreneures noires. Le rapport partage également des expériences vécues par les entrepreneures noires.
Malgré les obstacles, les femmes entrepreneures noires continuent de développer et de faire croître des entreprises prospères qui inspirent les autres, offrent une certaine flexibilité, leur permettent de subvenir aux besoins de leur famille et, en fin de compte, leur procurent un sentiment d’accomplissement personnel et de réussite. Face à la pandémie, les entrepreneures et les propriétaires d’entreprises noires ont utilisé leur entreprise pour apporter un sentiment d’espoir et d’optimisme aux membres de leur communauté.
Le rapport explore l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les entreprises des femmes entrepreneures noires qui, selon des études antérieures de la BBPA, ont été plus durement touchées et moins susceptibles d’avoir accès à du soutien. Plus d’un tiers (34 %) des entrepreneures noires ont indiqué que leurs commandes et/ou événements sont annulés, 29 % connaissent une baisse de leurs ventes et une sur cinq (21 %) a indiqué que sa chaîne d’approvisionnement est touchée. « Les obstacles à l’avancement des entrepreneures noires, comme la discrimination systémique et le racisme envers les Noirs, ne sont pas nouveaux, mais la pandémie, combinée au défi de la garde d’enfants, a mis de nombreuses entreprises en péril » a expliqué Nadine Spencer, entrepreneure et présidente de la BBPA et fondatrice de BrandEQ, une agence de communication marketing. « On ne saurait trop insister sur l’importance de ce rapport. Il nous donne l’occasion de mieux comprendre les problèmes auxquels les entrepreneures noires sont confrontées et montre que nous devons accroître notre soutien à cette population dans la perspective de la reprise économique du Canada. Il montre également l’ingéniosité, de la résilience et de l’innovation incroyables des femmes entrepreneures noires. »
Les auteurs du rapport formulent des recommandations au niveau de la société, de l’organisation et de l’individu. Certaines d’entre elles comprennent :
- Promouvoir des politiques qui soutiennent les femmes entrepreneures noires, notamment l’accès aux services de garde d’enfants, le soutien au revenu, les investissements ciblés, l’approvisionnement et les micro-subventions.
- Il est nécessaire de promouvoir davantage des modèles positifs et des exemples de réussite d’entrepreneures noires. Les femmes entrepreneures noires ont besoin d’un accès au financement, d’un développement des compétences, d’une aide pour s’y retrouver dans les aides disponibles et d’un accompagnement adapté à leurs besoins.
- Mettre en place une formation et une sensibilisation à la lutte contre le racisme pour les décideurs et les alliés à tous les niveaux de l’écosystème.
- S’assurer que les définitions des entreprises incluent un large éventail de secteurs, y compris les entrepreneurs autonomes et les propriétaires de PME.
- Offrir des possibilités de financement et de mise en réseau aux jeunes entrepreneures noires qui en sont aux premiers stades de la création d’entreprise, afin de renforcer leurs compétences et leurs connaissances dès le départ.
- Au sein des incubateurs et des accélérateurs, augmenter le nombre de mentors, de conseillers et de personnel noirs et adopter des approches adaptées aux besoins des femmes noires.
Principales constatations
Démographie des entrepreneures noires :
- 16,6 % viennent du Québec et 18,9 % sont francophones.
- Comme dans la population générale, 60 % étaient des immigrantes, mais seulement 10 % étaient des nouvelles arrivantes (dans le pays depuis moins de 5 ans).
- La majorité s’identifie comme étant d’origine africaine (44,7 %) ou caribéenne ou Afro-caribéenne (44,3 %).
- La moitié (53,5 %) a des enfants à charge.
- Elles ont un niveau d’études universitaires plus élevé que la population générale des femmes noires (62,7 % contre 27,5 % ont un diplôme de niveau baccalauréat ou supérieur).
- Les entreprises tendent à être concentrées dans les secteurs des services, sont plus récentes avec 50 % d’entre elles qui ont été créées en 2020-2021 et sont plus petites, avec 93 % des entreprises ayant des revenus inférieurs à 100 000 $.
- Les trois quarts d’entre elles mènent leurs activités en ligne (78,8 %) et près de la moitié (47,3 %) indiquent que COVID les a poussées à pivoter en ligne.
- La plupart n’avaient pas d’employés à temps plein (74,8 %) et 48,1 % avaient constitué leur entreprise en société.
Obstacles signalés par les femmes entrepreneures noires :
- (78,5 %) sont d’accord ou tout à fait d’accord pour dire que l’accès au financement est un problème. Viennent ensuite le coût de l’emprunt (74,7 % d’accord ou tout à fait d’accord) et l’accès aux capitaux (propres ou autres) avec 69,9 %.
- Plus d’un quart des personnes interrogées ne savent pas où trouver de l’aide pour leur entreprise (27,8 %).
- La grande majorité des candidates ont utilisé un financement personnel (81,4 %), tandis que 22 % ont utilisé des prêts, des subventions du gouvernement, et 22 % ont utilisé le financement des propriétaires d’entreprise.
- Seulement 17 % ont utilisé le crédit des institutions financières.
Inspiration et motivations :
- En dépit de la preuve selon laquelle beaucoup ont été « poussées » vers l’entrepreneuriat par des expériences de racisme ou de sexisme envers les Noirs, 88 % affirment avoir trouvé une occasion de fournir des produits ou des services et 61 % indiquent avoir trouvé une occasion inattendue.
- Une plus grande flexibilité dans le travail est également une motivation majeure pour créer une entreprise, 73 % se déclarant d’accord ou tout à fait d’accord.
- Beaucoup ont souligné leur intérêt pour l’entrepreneuriat dès leur plus jeune âge, leur passion intense pour ce qu’elles font et le sentiment d’épanouissement à la suite de leur parcours entrepreneurial.
- D’autres se sont senties inspirées par la création d’une entreprise afin de pouvoir aborder les inégalités de race, de genre et de classe auxquelles elles étaient confrontées dans la société et de répondre aux besoins de leur communauté.
- Beaucoup ont été inspirées pour lancer une entreprise afin qu’elles puissent célébrer la culture noire/africaine/caribéenne.
Dr Mohamed Elmi, directeur de la recherche au Diversity Institute, insiste sur la nécessité d’un soutien supplémentaire. « Nous faisons des recherches sur l’entrepreneuriat féminin depuis plus d’une décennie et sur les expériences des Canadiens noirs depuis presque aussi longtemps. Nos recherches continuent de mettre en lumière les défis posés par le racisme envers les Noirs et les obstacles dans le système. Les entrepreneures noires sont doublement désavantagées, car elles sont également confrontées à des obstacles en tant que femmes. Il y a de nouveaux soutiens qui offrent de l’espoir : le gouvernement du Canada investit dans un soutien ciblé par le biais de son nouveau Programme pour l’entrepreneuriat des communautés noires, par exemple. Nous versons des milliards de dollars dans notre écosystème d’innovation axé sur la technologie, ce qui est justifié parce que la technologie est potentiellement à forte croissance. Mais les entreprises d’autres secteurs – services, culture, alimentation, commerce de détail – créent et soutiennent également des emplois, des familles et des communautés. »
Le rapport s’appuie sur des recherches collaboratives antérieures publiées en 2020 dans l’État des lieux de l’entrepreneuriat féminin : Pleins feux sur les femmes entrepreneures noires et et fait partie d’une collaboration de recherche entre la BBPA et le Diversity Institute de Ryerson University qui a commencé il y a plus de dix ans.
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Pour plus d’informations :
Kathleen Powderley, 416-803-5597, [email protected]
Nadine Spencer, 416-281-1515, [email protected]