Capitaliser sur les bénéfices de l’IA : Transformer les entreprises de manière responsable

Deux femmes entrepreneures collaborent dans un atelier, échangeant des idées et travaillant ensemble sur un projet

L’intelligence artificielle (IA) transforme les industries, créant de nouvelles opportunités pour les entreprises d’innover, de rationaliser leurs opérations et d’améliorer l’expérience client. Pour les petites et moyennes entreprises (PME), en particulier celles dirigées par des femmes entrepreneures, l’IA offre une chance de combler les écarts et de prospérer sur des marchés concurrentiels. L’utilisation responsable des outils d’IA peut favoriser la croissance, accroître la visibilité et contribuer à un meilleur accès aux technologies, car les disparités entre les femmes et les hommes en matière d’adoption de l’IA sont moins marquées que pour d’autres technologies. 

Cela est d’autant plus important que les femmes représentent 51 % de la main-d’œuvre et qu’elles sont majoritaires dans près de 20 % des entreprises du secteur privé. Selon le rapport de recherche L’état des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Canada 2025 mené par le Portail de Connaissances pour les Femmes en Entrepreneuriat (PCFE), les entreprises détenues par des femmes sont moins susceptibles d’adopter les technologies émergentes comme l’IA, avec un taux d’adoption de 12,3 %, comparativement à 16,5 % pour les entreprises détenues par des hommes. Toutefois, les outils d’IA générative gagnent du terrain.

De plus, les entreprises majoritairement détenues par des femmes affichent le plus haut taux d’innovation global, à 38,0 %, surpassant largement les entreprises sans participation féminine, dont le taux s’élève à 25,6 %.

L’intelligence artificielle pour les PME était au cœur de la présentation de Wendy Cukier, fondatrice du Diversity Institute et directrice de la recherche universitaire au Future Skills Centre, lors de la conférence StrikeUp 2025. L’événement a attiré plus de 3 000 personnes, et Wendy Cukier y a souligné le potentiel transformateur de l’IA ainsi que l’importance de l’adopter de manière responsable.

« L’IA offre aux entrepreneures et aux petites entreprises des occasions de transformer leurs activités en favorisant l’efficacité, l’innovation et la réduction des coûts », a déclaré Cukier.Bien que le Canada soit un chef de file en matière de recherche et de développement en IA — grâce à des pionniers comme le lauréat du prix Nobel Geoffrey Hinton et Yoshua Bengio, qui jouent un rôle clé dans les avancées mondiales —, le pays accuse un retard au niveau de l’adoption. Actuellement, seulement 35 % des entreprises canadiennes utilisent l’IA, contre près de 72 % aux États-Unis.

Les risques associés à l’utilisation de l’intelligence artificielle

Wendy Cukier a évoqué un rapport récent publié par le Diversity Institute, l’Environics Institute et le Future Skills Centre, soulignant l’urgence pour les employeurs de créer des politiques et de mettre en place des formations sur l’utilisation des outils d’IA en milieu de travail. En effet, les employés n’attendent pas que leur employeur leur fournisse la formation nécessaire.

« Les employés utilisent déjà l’IA, même si les employeurs n’en sont pas conscients », a affirmé Cukier.

Les grandes que les petites entreprises reconnaissent le besoin croissant de compétences en IA, mais de nombreux employés doivent se débrouiller seuls. Près de trois Canadien·nes sur dix utilisent des outils d’IA dans leur milieu de travail, mais près de la moitié (44 %) d’entre eux n’ont reçu aucune formation officielle. Parmi ceux qui utilisent l’IA au travail, près des trois quarts (68 %) le font de manière autonome — soit sans aucune formation (44 %), soit grâce à des formations autodidactes (24 %).

Bien que l’IA offre un potentiel immense, elle comporte aussi des risques importants. Des biais et de la discrimination peuvent survenir lorsque les algorithmes reproduisent les biais présents dans les données d’apprentissage, entraînant des résultats injustes. « L’IA n’est intelligente que dans la mesure où l’information à laquelle elle a accès l’est. Si elle est formée à partir de données biaisées, elle produira des résultats biaisés », a expliqué Cukier.

La protection des renseignements personnels constitue un autre enjeu majeur, car les systèmes d’IA s’appuient sur d’énormes volumes de données sensibles, ce qui les rend vulnérables. S’ajoutent à cela les défis liés au manque de transparence, qui rendent difficile la compréhension des décisions prises par les systèmes, ainsi que l’identification des erreurs ou des biais potentiels.

« ChatGPT, par exemple, peut inventer des choses », a noté Cukier, évoquant des enjeux comme la désinformation et les risques pour la réputation.

Enfin, les systèmes d’IA sont confrontés à des défis de sécurité, notamment en ce qui concerne les cyberattaques et le respect de réglementations en constante évolution, ce qui représente un risque particulier pour les PME.

Malgré ces préoccupations, la compréhension et l’atténuation de ces risques sont essentielles pour exploiter l’IA de manière responsable.

Mettre en place des mécanismes de protection pour une utilisation responsable de l’IA

Mettre en place des mécanismes de protection solides pour une utilisation responsable de l’intelligence artificielle commence par l’intégration de principes éthiques et de cadres de gouvernance dans les systèmes d’IA. Ces mécanismes permettent de garantir que des valeurs comme l’équité, la transparence, la responsabilité et la protection de la vie privée soient respectées à chaque étape du développement et du déploiement.

En accordant la priorité à ces valeurs dès le départ, les organisations peuvent atténuer les risques liés aux biais, à la discrimination et à la non-conformité aux réglementations.

« Il faut considérer certains de ces outils comme des assistants », a indiqué Cukier, soulignant que l’IA peut compléter les efforts humains, tout en exigeant des contrôles rigoureux et une assurance qualité constante.

L’approche « human-in-the-loop » (présence humaine dans la boucle) constitue un autre élément clé d’une adoption responsable de l’IA, en assurant une supervision humaine continue et en limitant les erreurs ou biais involontaires.

Une infographie en forme de triangle présente, de haut en bas, les compétences approfondies en IA, les compétences intermédiaires en IA et la littératie de base en IA. Bien que les organisations devraient viser à intégrer tous ces niveaux de compétence, le graphique montre que les compétences approfondies se trouvent au sommet du triangle — une zone plus étroite — tandis que la base, plus large, représente la littératie de base en IA, illustrant que ces compétences sont requises par la majorité des personnes.

Une infographie en forme de triangle illustre que, dans une organisation, les compétences avancées en IA sont requises par un nombre restreint de personnes, tandis que les compétences de base en IA sont nécessaires pour un grand nombre d’employé·es.

Le Diversity Institute a développé un cadre de littératie en intelligence artificielle (IA). Wendy Cukier a présenté les différents niveaux de compétences en IA. Les compétences avancées en IA impliquent une connaissance des cadres de développement en IA et des modèles d’apprentissage automatique. Les compétences intermédiaires incluent la capacité à utiliser des technologies d’IA générative telles que ChatGPT ou Microsoft Copilot pour la création de contenu, l’analyse et la résolution de problèmes. La littératie de base en IA, quant à elle, fait référence à une familiarité avec les outils d’IA générative ainsi qu’à une sensibilisation aux enjeux éthiques fondamentaux tels que les biais et la protection de la vie privée.

Même si tous les employé·es n’ont pas besoin de maîtriser les compétences avancées, Cukier a insisté sur l’importance de renforcer la littératie en IA à tous les niveaux de l’organisation.

« Nous avons besoin de personnes ayant des compétences technologiques avancées, avec une formation en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM), mais plus encore, nous avons besoin de leaders capables de piloter la transformation numérique des entreprises. Peu importe le secteur d’activité ou le projet, tout le monde doit posséder une littératie de base en IA », a-t-elle expliqué.

Des programmes comme Advanced Digital and Professional Training, ou les formations offertes par Google et Microsoft, peuvent fournir des compétences en IA allant des notions de base aux connaissances avancées. Associer les bons outils d’IA aux besoins de l’entreprise, de manière éthique, permet aux organisations d’optimiser leur potentiel sans créer involontairement de problèmes.

Pour conclure, Cukier a encouragé les organisations à « réfléchir au potentiel de l’IA pour leurs besoins d’affaires, tester des applications, et accorder la priorité à la formation », tout en appliquant une perspective de diversité et d’inclusion à leurs processus liés à l’IA.

Rester informé des tendances et des réglementations en évolution aidera les organisations à demeurer compétitives et responsables dans l’ère de l’IA.