Débloquer le potentiel à l’exportation des femmes entrepreneures au Canada

Capture d’écran des conférencières et spécialistes ayant participé au webinaire « Growing Global » (S’étendre à l’international), pendant l’intervention de Shamira Jaffer

L’exportation permet aux femmes entrepreneures de conquérir des marchés internationaux lucratifs, d’ouvrir de nouvelles voies de développement des affaires, d’accéder à diverses filières de candidats et d’intégrer des réseaux engagés. Avec l’essor sans précédent du commerce en ligne et du télétravail, les femmes entrepreneures ont une immense occasion d’étendre leurs activités bien au-delà d’un marché intérieur relativement limité.

En partenariat avec la BDC et Exportation et développement Canada, le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) a récemment organisé un débat instructif en présence de femmes entrepreneures au Canada qui se sont imposées sur les marchés internationaux grâce à l’exportation. Animée par Jennifer Cooke, responsable – Stratégie pour les femmes dans le domaine du commerce à Exportation et développement Canada, et Laura Didyk, vice-présidente et leader nationale – Entrepreneuriat au féminin à la BDC, cette discussion a réuni KC (Karima-Catherine) Goundiam (fondatrice et directrice générale de B2BeeMatch, directrice générale de RED DOT DIGITAL Inc. et fondatrice de Tech Canada Advocates), Shamira Jaffer (présidente de Signifi Solutions Inc.) et Evelyne Nyairo (fondatrice d’Ellie Bianca All Natural Skin Care).

Janice McDonald (fondatrice de The Beacon Agency) et Clare Beckton (fondatrice de Own your Own Success et entrepreneure consultante chez CRIW Carleton) étaient également présentes pour exposer leurs conclusions publiées dans un nouveau rapport du PCFE, Grow Global: Women Entrepreneurs and Export.

La directrice du PCFE, Wendy Cukier, a planté le décor de ce débat d’expertes en soulignant que l’activité d’exportation des femmes entrepreneures est en pleine expansion. Entre 2011 et 2017, la proportion de PME détenues par des femmes parmi les entreprises exportatrices est en effet passée de 5 p. 100 à 11,1 p. 100. L’écart entre les sexes parmi les exportateurs au Canada s’est également resserré : en 2017, 13,6 p. 100 des entreprises détenues par des hommes étaient présentes à l’exportation. Dans l’ensemble, toutefois, les entreprises canadiennes n’ont pas mis à profit tous les débouchés à l’exportation ni exploité le plein potentiel des marchés internationaux.

De leur côté, les femmes entrepreneures se heurtent à des obstacles structurels profonds. Nous avons constaté lors de nos travaux de recherche que les femmes sont moins enclines à constituer leurs entreprises en personne morale, ce qui les empêche d’accéder aux programmes et soutiens à l’exportation conçus pour les sociétés. Par ailleurs, les entreprises détenues par des femmes sont souvent plus récentes et moins bien financées que celles détenues par des hommes, d’où un manque de ressources disponibles pour conquérir les marchés internationaux. Heureusement, bon nombre de femmes entrepreneures ont réagi à la pandémie de COVID-19 en réorientant leurs activités vers Internet (qui rend l’exportation plus viable).

« Nous devons vraiment faire comprendre que l’exportation est synonyme de croissance et de prospérité économique pour le Canada. Il faut absolument encourager les hommes et les femmes à viser plus haut, au lieu de se concentrer uniquement sur les marchés locaux », explique Wendy Cukier.

Avoir une vision d’ensemble, une vision mondiale

Pour KC Goundiam, « l’expansion à l’international était prévue dès le départ ». Après avoir vécu et étudié dans de nombreux pays au cours de sa vie, elle a eu « l’intuition stratégique » de se tourner vers la scène mondiale au lancement de Red Dot Digital, dont l’activité consiste à épauler les entreprises dans leur transformation numérique. Les marchés canadiens n’étant pas prêts pour ce genre de service, Mme Goundiam a compris qu’elle devait élargir son champ d’action. Au bout de trois ans, son portefeuille était constitué aux trois quarts de clients implantés à l’étranger. Toutefois, cette réussite mondiale lui a également permis d’étoffer sa clientèle au Canada.

Evelyne Nyairo, elle aussi, a travaillé aux quatre coins du monde avant de lancer Ellie Bianca All Natural Skin Care et intégré dès le départ l’exportation à son plan d’activités. Mme Nyairo savait que le marché canadien des produits à base d’huile pour le soin de la peau n’était pas suffisamment vaste pour atteindre le succès escompté, c’est pourquoi elle s’est efforcée de trouver des marchés plus réceptifs.

Shamira Jaffer est née en Afrique de l’Est, puis a grandi en Europe avant de déménager au Canada à l’âge de 13 ans. « J’ai toujours eu une vision d’ensemble, une vision mondiale », a-t-elle expliqué. Cette année, c’était la première fois en 15 ans d’existence que Signifi Solutions Inc., entreprise de conception et de fabrication de solutions de vente au détail automatisées, a vu les ventes canadiennes constituer 30 p. 100 de son chiffre d’affaires.

Chaque entrepreneure a effectivement rencontré des obstacles à la commercialisation de ses produits ou services sur les marchés internationaux. Toutefois, en plus de leur souplesse et de leur capacité d’adaptation, ces femmes entrepreneures ont pu mettre à profit les ressources gouvernementales et les réseaux de soutien pour réussir malgré les défis.

Mme Jaffer s’est remémorée la fois où une grande entreprise de Dubaï a contacté son entreprise pour un projet d’achat à hauteur de deux millions de dollars. Elle a alors dû relever deux défis : celui d’instiller la confiance requise pour obtenir un acompte important et celui d’obtenir le financement nécessaire pour satisfaire une commande de cette ampleur. À l’époque, Mme Jaffer s’est tournée vers le Programme de garanties d’exportations pour obtenir de l’aide, et a pu conclure la transaction.

Pour exporter son service peu connu, Mme Goundiam a pu compter sur ses qualités de réseautage et ses relations personnelles. Elle a développé sa présence en ligne à l’international en tant qu’experte dans son domaine, et noué des relations au sein des réseaux d’affaires mondiaux et nationaux. Elle a incité les entrepreneurs à s’investir dans OWIT-Toronto, une organisation sans but lucratif de soutien aux femmes faisant affaire à l’international, et à voyager pour se forger des relations partout dans le monde en profitant de programmes comme CanExport.

Mme Nyairo a d’abord rencontré des difficultés pour financer son entreprise et résoudre le casse-tête réglementaire de la vente de produits pour le soin de la peau sur les marchés internationaux. Elle espérait initialement construire sa marque sans contracter de dettes, en misant uniquement sur ses actifs personnels. Elle a toutefois expliqué que cette approche n’était pas la bonne et a suggéré aux femmes entrepreneures de puiser dans les subventions et les possibilités de financement gouvernementales pour développer leur entreprise. Au moment d’étendre ses ventes à l’international, Mme Nyairo a demandé l’accompagnement et les conseils du Service des délégués commerciaux pour obtenir les approbations réglementaires requises et protéger sa marque. « Y a-t-il des défis à relever? Oui. Est-ce que cela en vaut la peine? Absolument », a-t-elle déclaré.

Chaque entrepreneure a souligné qu’il faut faire preuve de souplesse et être capable de s’adapter pour réussir à l’exportation. Lors de sa collaboration avec des fournisseurs en Chine, a expliqué Mme Nyairo, il lui a fallu privilégier les applications comme WeChat et WhatsApp, au lieu de communiquer principalement par courriel. De son côté, Mme Jaffer a dû modifier ses horaires de travail pour organiser des réunions avec les parties intéressées à Dubaï. Mme Goundiam a souligné qu’il est primordial de comprendre la culture des marchés sur lesquels on espère s’implanter pour étendre ses activités et croître grâce à l’exportation.

« Le chemin est semé d’embûches », a-t-elle précisé, « mais je recommencerai sans hésiter si c’était à refaire. »

Mme Jaffer a fait remarquer que les entrepreneurs au Canada sont particulièrement bien placés pour réussir à l’international, car le pays jouit d’une bonne réputation à travers le monde : « Je sais qu’être une entreprise canadienne nous donne une longueur d’avance sur la concurrence américaine. »

« À mes yeux, c’est une erreur de ne pas penser à l’exportation », a-t-elle insisté.

Savoir par où commencer

Janice McDonald et Clare Beckton ont réalisé 96 entretiens approfondis avec des femmes entrepreneures et mené une enquête auprès de 815 entrepreneures et quelques décisionnaires clés pour mieux comprendre leur comportement vis-à-vis de l’exportation. Mme McDonald a remarqué qu’avec la multiplication des ressources, programmes et réseaux disponibles, les femmes entrepreneures envisageant l’exportation ont peut-être du mal à savoir par où commencer. C’est pourquoi les échanges comme celui instauré entre Mmes Goundiam, Jaffer et Nyairo sont essentiels : « Écouter directement les femmes entrepreneures est extrêmement important, car cela démystifie l’exportation. »

Rejoignant cet argument, Clare Beckton a souligné que les organisations œuvrant en faveur des femmes entrepreneures à travers le pays constituent un bon point de départ pour ne pas se laisser submerger face à l’abondance de ressources disponibles.

Nous encourageons les femmes et les entrepreneurs non binaires à créer un profil sur la Plateforme de partage PCFE/FWE pour entrer en relation avec leurs homologues et trouver des organisations pouvant les épauler. Il vous suffit de « demander » ce dont vous avez besoin et vous recevrez un courriel dès qu’un membre de l’écosystème aura répondu. Vous faites partie d’une organisation de soutien aux femmes entrepreneures? Indiquez en détail ce que vous avez à « donner » afin de toucher les personnes intéressées partout au Canada. Découvrez comment vous lancer.

Vous n’avez pas pu assister à ce webinaire? Vous pouvez le visionner à la demande.

This site is registered on wpml.org as a development site.