Le leadership féminin dans le commerce international : Célébration de la Journée internationale des femmes à Toronto
Le 20 mars, Sabine Soumare, directrice générale du Portail de Connaissances pour les Femmes en Entrepreneuriat (PCFE), et Peggy Harvey, gestionnaire des programmes, ont pris part à un événement marquant de la Journée internationale des femmes organisé par Organization of Women in International Trade (OWIT)–Toronto.
Soutenu par le PCFE, la Ville de Toronto et Affaires mondiales Canada, l’événement — Des femmes qui commercent, des femmes qui dirigent : Façonner l’avenir du commerce international — a mis l’accent sur l’importance d’accroître la participation des femmes dans le commerce international et dans les rôles de leadership.
L’événement s’est ouvert sur une conversation informelle entre Sara Wilshaw, commissaire en chef au commerce du Canada, et Susan Baka, coprésidente d’OWIT–Toronto. Ensemble, elles ont abordé la carrière de Wilshaw en diplomatie en tant que femme, les enjeux actuels du commerce — notamment la relation commerciale Canada–États-Unis — ainsi que l’impact plus large des dynamiques du commerce mondial sur les femmes entrepreneures.
Suite à la conversation, Rowena Ko, du bureau régional de l’Ontario du Service des délégués commerciaux, a présenté les services et ressources disponibles pour appuyer les femmes entrepreneures canadiennes souhaitant se lancer sur les marchés internationaux.
Sabine Soumare a prononcé le mot de la fin, soulignant l’importance d’améliorer l’accès aux marchés mondiaux pour les entreprises dirigées par des femmes. Elle a notamment fait référence aux données tirées du résumé exécutif de L’état des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Canada 2025 ainsi qu’aux outils offerts par le PCFE.
Du corps diplomatique au poste de commissaire en chef au commerce : le parcours d’une femme dans le commerce mondial
Avec plus de 30 ans d’expérience en diplomatie et en commerce international, Sara Wilshaw, commissaire en chef au commerce à Affaires mondiales Canada, a livré un témoignage personnel sur son parcours dans un domaine longtemps dominé par les hommes. Son ascension ne se résume pas à avoir gravi les échelons de la fonction publique — elle incarne un effort continu pour rendre le commerce mondial plus inclusif et plus favorable aux femmes.
« Nous avons compris qu’il fallait adopter une approche plus délibérée et intentionnelle pour aider les femmes, qui rencontrent généralement plus d’obstacles dans le commerce international, qu’il s’agisse de financement ou de réseaux. Le programme Femmes d’affaires en commerce international (FACI) a été lancé il y a 25 ans. Et nous en sommes très fiers, car il se poursuit encore aujourd’hui », a-t-elle affirmé. Wilshaw a parlé ouvertement des barrières systémiques qui freinent encore l’accès des femmes aux postes de direction, en particulier dans la fonction publique à l’étranger. Tout au long de sa carrière, elle a participé à d’importantes négociations commerciales, y compris la transition de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) vers le Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), et elle a joué un rôle moteur dans les efforts de diversification des marchés du Canada.
Redéfinir les priorités commerciales du Canada: entre diversification, libre-échange et nouvelles avenues pour l’exportation

Sara Wilshaw a insisté sur la nécessité pour le Canada de réduire sa dépendance historique envers les États-Unis en tant que principal partenaire commercial. Bien que le marché américain demeure essentiel pour les exportations canadiennes, elle a souligné que les différends tarifaires persistants entraînent une hausse des coûts pour les entreprises canadiennes.
« Nous ne nous attendons pas à ce que tout le monde se détourne des États-Unis. Les produits et services du Canada continueront d’y être exportés. Mais cela coûtera plus cher, et cela pourrait nuire à notre compétitivité », a-t-elle déclaré.
Pour favoriser la diversification des échanges, Wilshaw a mis de l’avant les accords de libre-échange, notamment l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Europe. Elle a décrit le marché européen comme étant transparent, fondé sur des règles, et hautement complémentaire aux exportations canadiennes. Bien que certaines barrières non tarifaires subsistent, l’AECG demeure l’un des accords les plus solides du Canada — mais encore trop peu exploité.
Elle a également souligné l’importance stratégique croissante de la région de l’Indo-Pacifique. Des missions commerciales « Équipe Canada » ont récemment exploré les débouchés au Japon, en Corée du Sud, au Vietnam et en Thaïlande. Le Canada a aussi mené des missions commerciales axées sur les femmes à Taïwan et renforcé ses liens avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande — deux marchés qu’elle a qualifiés de particulièrement attrayants pour les nouvelles entreprises exportatrices, en raison d’une langue commune, de cultures d’affaires similaires et de systèmes réglementaires comparables.
Commerce Canada–États-Unis–Mexique
Wilshaw a réaffirmé l’importance continue de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), en insistant sur l’intégration profonde du commerce nord-américain. Des secteurs clés — comme l’automobile, l’aérospatiale et l’agriculture — reposent sur des chaînes d’approvisionnement transfrontalières, où les biens circulent entre les pays à plusieurs reprises au cours de leur production. Même si les États-Unis dominent la logistique régionale, la guerre tarifaire en cours et l’incertitude commerciale poussent le Canada à renforcer ses liens avec le Mexique. Wilshaw a identifié des secteurs tels que l’exploitation minière, le pétrole et le gaz comme des domaines clés dans lesquels le Canada détient déjà des investissements importants, pouvant servir de base à une collaboration élargie.
Conseils pratiques : passer à l’action et mobiliser ses réseaux
Sara Wilshaw a encouragé les femmes entrepreneures à saisir avec confiance les occasions offertes par les marchés mondiaux : « Lancez-vous. »
Elle a reconnu que le commerce international peut sembler complexe, mais a rappelé que de nombreux marchés sont ouverts et accueillants envers les entreprises canadiennes, y compris celles dirigées par des femmes.
Selon elle, la réussite repose sur une bonne préparation et de la persévérance. L’expansion vers de nouveaux marchés demande du temps, de la planification et du soutien. Wilshaw a invité les entrepreneures présentes à se tourner vers le Service des délégués commerciaux du Canada (SDC), qui adopte une approche d’accompagnement personnalisée, assurant que chaque demande soit prise en charge ou orientée vers les ressources appropriées.
« Soit on vous aide directement, soit on vous oriente. Mais on essaie de ne laisser personne de côté », a-t-elle souligné.

Elle a également évoqué les obstacles souvent rencontrés par les femmes entrepreneures, tels que l’accès limité au financement, des réseaux plus restreints, ou encore la prédominance d’entreprises axées sur les services ou à domicile. Malgré ces défis, elle a mis en lumière le soutien croissant offert par des organismes comme Exportation et développement Canada, la Banque de développement du Canada, ainsi que par des initiatives municipales et provinciales.
Les résultats publiés le 5 mars dernier dans L’état des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Canada 2025 (#SOWE2025) révèlent que les femmes sont majoritaires propriétaires de près de 20 % des entreprises du secteur privé et qu’elles emploient près d’un million de personnes. Les femmes ont fait des progrès remarquables dans le développement de leurs entreprises et ont comblé de nombreuses lacunes : elles sont désormais presque aussi susceptibles d’exporter que les hommes, avec 14,5 % des entreprises majoritairement détenues par des femmes qui exportent en 2023, contre 15,3 % pour celles détenues majoritairement par des hommes.
Cela signifie que les entreprises dirigées par des femmes sont tout aussi exposées aux guerres tarifaires et aux barrières commerciales, qui deviennent une source croissante d’inquiétude, notamment dans les secteurs du textile, de l’habillement et de la transformation alimentaire.
Le rapport #ELEF2025 montre aussi que les PME entièrement détenues par des femmes sont plus susceptibles d’exporter des services que celles détenues par des hommes (52,3 % contre 43,9 % en 2023), une hausse par rapport à 2017 (46,0 % contre 47,6 %). En revanche, ces PME étaient moins susceptibles d’exporter des biens (23,9 % pour les femmes contre 35,9 % pour les hommes en 2023), ce qui représente une baisse par rapport à 2017 (38,3 % pour les femmes contre 40,8 % pour les hommes). De plus, les PME majoritairement détenues par des femmes explorent de plus en plus des marchés au-delà des États-Unis, témoignant d’une volonté accrue de diversification commerciale. Ces tendances soulignent l’importance de mettre en place un soutien commercial inclusif et ciblé, ainsi qu’un accès équitable aux réseaux internationaux, en particulier pour les femmes et les entrepreneures issues de l’immigration.
Accéder au soutien : ressources du Service des délégués commerciaux
À la suite de la discussion informelle, Rowena Ko a présenté un aperçu du Service des délégués commerciaux (SDC) et de l’éventail de soutiens offerts aux exportateurs canadiens. Elle a mis en avant des ressources clés telles que les missions commerciales, le mentorat personnalisé et des programmes de financement comme CanExport et Femmes d’affaires en commerce international (FACI). Rowena a également souligné le rôle essentiel des champions du commerce — comme elle-même — dans la promotion de l’équité et la création d’occasions pour les entrepreneures issues de groupes sous-représentés sur les marchés mondiaux. En complément du SDC, le PCFE et ses partenaires de l’écosystème offrent aussi des outils concrets pour soutenir les femmes entrepreneures dans leur parcours de croissance.
Perspectives de clôture : données et ressources du ELEF 2025

Pour conclure l’événement, Sabine Soumare a partagé les plus récentes données issues du rapport sur l’état des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Canada 2025 (ELEF 2025). Elle a révélé que 64 % des femmes entrepreneures estiment que de potentiels tarifs américains auraient un impact négatif sur leur entreprise. Malgré cela, 77 % d’entre elles ont déjà pris des mesures d’adaptation, telles que la diversification des chaînes d’approvisionnement, l’ajustement des prix ou l’adaptation de leurs stratégies marketing.
Soumare a aussi présenté certains des outils offerts par le PCFE, notamment la base de données S’inspirer. Se réaliser., qui regroupe les profils de plus de 2000 femmes entrepreneures, ainsi que la Plateforme de partage nationale, qui met en relation les entrepreneures avec des programmes au-delà du commerce, des partenaires potentiels et des ressources en entrepreneuriat féminin.
Elle a encouragé les participantes à consulter le rapport phare annuel du PCFE, ELEF 2025, pour mieux comprendre l’évolution de l’entrepreneuriat féminin au Canada. En guise de conclusion, elle a réaffirmé l’engagement continu du PCFE à collaborer avec OWIT pour faire progresser la place des femmes dans le commerce, grâce à une recherche fondée sur les données, des partenariats stratégiques et un accès équitable au soutien.