Programme « She-Covery » : Dialogue avec le gouvernement
Les répercussions de la pandémie de la COVID-19, qui ont touché les femmes de manière disproportionnée, mettent en péril les acquis économiques de plusieurs générations de Canadiennes. Depuis 30 ans, jamais la part des femmes dans la population active canadienne n’a été aussi faible et celles-ci retrouvent un emploi bien moins rapidement que les hommes. Les inégalités systémiques entre les sexes qui préexistaient à la pandémie se sont creusées et enracinées davantage, entraînant ce que certains économistes appellent une « she-cession », [une récession qui touche plus durement les femmes].
Le rapport intitulé Le projet « She-Covery » : Faire face aux impacts économiques sexospécifiques de la COVID-19 en Ontario établit la voie à suivre pour assurer la relance économique de la province et la réussite des femmes. Initié par l’Ontario Chamber of Commerce avec le concours du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE), d’Ontario Power Generation et du Diversity Institute, il présente des recommandations applicables à court et long terme qui accordent une large place au leadership et à la responsabilité, aux services de garde d’enfants, au perfectionnement de la main d’œuvre, à l’entrepreneuriat, ainsi qu’à la souplesse des modalités de travail.
Wendy Cukier, directrice du PCFE, a récemment rejoint Claudia Dessanti (analyste principale des politiques auprès de l’Ontario Chamber of Commerce), l’honorable Stephen Lecce (ministre de l’Éducation de l’Ontario) et l’honorable Jill Dunlop (ministre associée déléguée au dossier de l’Enfance et à la Condition féminine de l’Ontario) pour un débat d’idées constructif animé par Lisa McBride (cheffe des relations avec les intervenants d’Ontario Power Generation et présidente de Women in Nuclear Canada).
Claudia Dessanti a ouvert le débat en présentant les principales conclusions du rapport et en expliquant pourquoi les femmes ont été aussi sévèrement touchées par la pandémie. Parce qu’elles sont surreprésentées dans les secteurs qui supposent des contacts directs avec les autres, les femmes ont assumé en grande partie le surcroît d’activités généré par la garde d’enfants et l’enseignement à la maison. Les femmes marginalisées – issues de familles à faible revenu ou de minorités, immigrantes et nouvelles arrivantes, transgenres ou femmes handicapées – ont été les plus durement affectées.
Les femmes entrepreneures, dont les entreprises sont généralement plus petites et moins bien financées que celles détenues par les hommes, ont été particulièrement vulnérables aux conséquences de la crise de la COVID-19. Face à la pandémie, elles ont, plus souvent que les hommes, perdu des contrats, licencié des employés et fermé définitivement leur entreprise.
Pour beaucoup, le système de garde d’enfants demeure inaccessible et inabordable; un obstacle majeur alors que les Ontariennes et les Ontariens adoptent une « nouvelle normalité » et retournent peu à peu au travail. Citant des études récentes, Wendy Cukier a dévoilé que plus de 30 p.100 des femmes ont envisagé de ne pas reprendre leur activité en raison de problèmes de garde d’enfants. Offrir des options de garde accessibles et abordables dans le plan de reprise économique de la province pourrait générer de puissants effets multiplicateurs sur de nombreuses strates du paysage économique. « Chaque fois que nous finançons un emploi de garde d’enfants, nous contribuons au retour au travail des femmes. Nous devons continuer sur cette lancée et traiter le sujet non pas comme un problème qui touche essentiellement les femmes, mais comme un problème qui touche toute l’économie », a expliqué Wendy Cukier.
« She-Covery » : offrir aux femmes un second souffle
Le perfectionnement de la main-d’œuvre féminine est depuis longtemps reconnu comme un puissant moteur d’innovation et de résilience pour l’économie dans son ensemble. Et ce constat est d’autant plus vrai aujourd’hui. Pour Wendy Cukier, la prospérité de la population de la province passe par le financement de programmes de reconversion et de perfectionnement professionnel visant à pallier la pénurie de main-d’œuvre qualifiée par une approche novatrice de l’apprentissage et des métiers spécialisés. Les programmes parallèles offrant des passerelles de substitution pour acquérir des compétences numériques pourraient concourir à combler le fossé numérique et à améliorer la représentation des femmes dans le secteur de la technologie, puissant relais de croissance.
Les femmes entrepreneures peuvent également apporter une contribution immense à la reprise économique de l’Ontario. Selon Wendy Cukier, la passation de marchés publics constitue un « levier stratégique » efficace que le gouvernement pourrait actionner pour créer un système d’innovation plus inclusif et appuyer les femmes entrepreneures et leurs entreprises : « Nous disposons d’occasions et de fonds exceptionnels que nous pouvons mobiliser de manière stratégique pour favoriser la diversité et l’égalité des sexes dans divers secteurs » (traduction libre). L’investissement dans l’entrepreneuriat féminin génère, on le sait, des retombées économiques substantielles. Si nous parvenons à faire reculer les inégalités entre les sexes dans l’environnement entrepreneurial, le PIB du Canada pourrait progresser de 81 milliards de dollars.
Se saisir de l’occasion et repartir sur des bases plus égalitaires
Les ministres Jill Dunlop et Stephen Lecce ont reconnu qu’il était indispensable de résoudre les problèmes particuliers que rencontrent les femmes en Ontario pour aider à la relance de la province. Jill Dunlop a ainsi déclaré : « Nous sommes résolus à veiller à ce que les femmes ne soient pas les laissées pour compte de la relance économique. Notre gouvernement souhaite bâtir une province forte, où chaque femme et chaque fille disposera des moyens nécessaires pour réussir » (traduction libre).
Le ministre Stephen Lecce a réaffirmé son engagement à maintenir les écoles ouvertes, à proposer des services de garde d’enfants et à offrir aux familles le soutien dont elles ont besoin pendant cette période difficile. Si le crédit d’impôt pour la garde d’enfants de la province finance jusqu’à 75 p. 100 des dépenses de nombreuses familles ontariennes, le ministre a reconnu qu’il était nécessaire de redoubler d’efforts. La période que nous traversons est l’occasion de réévaluer les services de garde d’enfants offerts dans la province.
Pour relancer l’économie de l’Ontario, le gouvernement s’attache également à augmenter la part des femmes dans des domaines à prédominance masculine. Stephen Lecce a rappelé les efforts déployés par le gouvernement pour inciter les femmes et les jeunes filles à travailler ou à suivre une formation dans des domaines tels que les sciences, la technologie, les mathématiques et l’ingénierie. La ministre Jill Dunlop a souligné que plus de 200 000 emplois très rémunérateurs étaient encore vacants dans des domaines spécialisés ouverts au recrutement des femmes. Toutefois, ces emplois sont souvent délaissés par les femmes en raison de l’image négative qu’ils véhiculent. Jill Dunlop a rappelé que le gouvernement menait une campagne de sensibilisation publique pour déconstruire les stéréotypes associés à ces emplois et qu’il poursuivait le financement de programmes de formation destinés à ouvrir aux femmes les portes de ces métiers.
Les participants ont souligné que l’Ontario devait se saisir de l’occasion pour restructurer son tissu économique et se reconstruire afin de mieux servir l’ensemble de la population. Les établissements, les secteurs et les systèmes ont su s’adapter en l’espace de quelques jours et ainsi prouver que le changement est possible. « Nous pouvons nous appuyer sur ces contraintes pour libérer notre créativité. Nous devons nous mobiliser et nous atteler à la reconstruction de bases plus égalitaires » (traduction libre), conclut Wendy Cukier.
Le prix à payer sera élevé si nous restons les bras croisés. « Si nous ne faisons pas de l’amélioration de la situation économique des femmes une priorité, nous risquons de compromettre leur avenir, mais aussi la prospérité économique de tout l’Ontario », avertit Claudia Dessanti.
Pour en savoir plus
Consultez le rapport « Le projet “She-Covery” : Faire face aux impacts économiques sexospécifiques de la COVID-19 en Ontario » et utilisez le mot-clic #SheCovery sur les médias sociaux pour faire entendre votre voix et participer au projet.