Le financement par capital de risque : une problématique pour les femmes et les filles

Genèse de la Console d’Investoready

Il existe au Canada des inégalités de genre dans le secteur de l’investissement par capital de risque. Le présent rapport vise à améliorer l’accès des entrepreneures au financement par capital de risque à travers la présentation d’un programme de formation et d’accompagnement, Investoready. L’objectif de ce programme est d’apporter aux entrepreneures des informations et des compétences qui les aideront à répondre aux questions posées par les investisseurs en capital de risque de façon à obtenir des financements au sein de l’écosystème entrepreneurial.

Le capital de risque joue un rôle déterminant pour les jeunes pousses et les entreprises à croissance rapide qui relèvent du secteur des petites ou moyennes entreprises (PME). En effet, c’est par son intermédiaire que les entrepreneurs trouvent les financements, les contacts, et les réseaux de financiers nécessaires à la croissance, aux activités de recherche et développement, et à la validation de leur entreprise, ainsi qu’à l’adaptation au marché et à la commercialisation de leurs produits. Cependant, de nombreuses études empiriques ont démontré à maintes reprises qu’il existe des inégalités de genre dans l’accès au capital de risque, et ce, au Canada et dans le monde. Bien qu’elles connaissent des besoins de financement similaires à ceux des entrepreneurs hommes, les entrepreneures qui cherchent à financer leur jeune pousse par du capital de risque non seulement obtiennent moins de tours de financement, mais perçoivent également des montants inférieurs à chacun de ces tours, la résultante de ces deux facteurs aggrave les répercussions défavorables sur les sommes totales levées par ces femmes.

Des études montrent que l’expression de biais inconscients par les capital-risqueurs, hommes comme femmes, contribue significativement aux inégalités de genre dans l’accès au capital de risque. En effet, lors d’une séance typique de questions-réponses avec des porteurs de projets, les investisseurs ne posent pas les mêmes questions aux femmes qu’aux hommes. Ces séances jouent un rôle déterminant dans les processus décisionnels d’investissement. Toutefois, des travaux récents indiquent que les investisseurs en capital de risque posent aux femmes des questions appelant des réponses qui présentent leur projet de façon défavorable. Les questions adressées aux hommes tendent à susciter des réponses de nature autopromotionnelle et visionnaire. Les questions destinées aux femmes, quant à elles, appellent des réponses de nature préventive, ou sécuritaire. Il ne fait aucun doute que ces inégalités d’accès au financement par capital de risque entravent les progrès des femmes dans les domaines de la technologie et des affaires, et nuisent à leur capacité de bénéficier de futures ressources communautaires innovantes.

C’est dans ce contexte que le programme Investoready a été élaboré. Il vise à soutenir les entrepreneures en leur proposant des formations et un accompagnement qui les aident à développer des compétences sur lesquelles elles pourront s’appuyer pour réussir leurs échanges lors de conversations types avec les investisseurs. Le programme exploite le tableau de bord d’un logiciel (baptisé la Console) spécialement conçu pour permettre aux participantes de s’exercer à répondre aux questions des investisseurs et à convertir les questions négatives en réponses exprimant davantage l’ambition.

Les constatations du présent rapport découlent d’une analyse des observations des participantes au projet pilote et des partenaires de l’écosystème. Au total, 47 participantes provenant de 6 provinces canadiennes et représentant 10 nationalités ont pris part au projet pilote. Parmi les partenaires de l’écosystème sollicités pour leurs avis et observations sur les résultats du rapport et la Console figuraient des investisseurs en capital de risque, des incubateurs et des accélérateurs d’entreprises, des centres d’entrepreneuriat, ainsi que des ministères et des organismes publics. Au total, 60 personnes issues de 29 organisations participantes ont prodigué des conseils et donné leur avis sur les objectifs scientifiques, le but de la formation, la Console d’Investoready et son efficacité en tant que programme de soutien aux femmes.

Les principales observations des participantes aux ateliers s’articulent autour des constats suivants :

  1. Les fondatrices d’entreprise ont besoin d’une meilleure connaissance et d’un soutien accru relativement aux processus de démarrage d’entreprise.
  2. Les femmes doivent être maîtresses des conversations lors des séances de questions réponses avec les investisseurs, elles doivent être en mesure d’orienter les échanges sans se laisser mener.
  3. S’affranchir des obstacles est une aptitude qui demande de la pratique, mais qui s’apprend.

Les femmes souhaitent connaître les questions les plus courantes et savoir comment elles doivent y répondre.

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