S’inspirer. Se réaliser. – Lutter contre les stéréotypes et les préjugés

Un encadré contenant le titre « S’inspirer. Se réaliser. » et des photos de Manjit Minhas, fondatrice et directrice générale de Minhas Breweries, Distilleries and Wineries, et d’Eva Wong, cofondatrice de Borrowell – deux femmes entrepreneures primées qui figurent dans la base de données S’inspirer. Se réaliser.

En plus de soutenir leur famille et leur collectivité locale, de stimuler la croissance économique et l’innovation et de créer des débouchés intéressants pour leurs compatriotes, les entrepreneures à la carrière prospère contribuent à inspirer d’autres femmes qui découvrent leurs histoires.

Cependant, les stéréotypes sur l’entrepreneuriat peuvent avoir l’effet inverse. En raison des liens étroits qui associent le mot « entrepreneur » aux hommes blancs dans le secteur de la technologie, comme Mark Zuckerberg, Bill Gates ou Steve Jobs, les femmes peuvent se sentir exclues de ce qui s’apparente à un club de vétérans. En outre, ces stéréotypes influent sur la conception des programmes de financement et de formation et des projets d’incubateur et d’accélérateur, ainsi que sur les décisions financières.

La Conférence sur les femmes en entrepreneuriat 2021, présentée par le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) en partenariat avec Organisations d’entreprises de femmes du Canada (OEFC), a réuni des leaders d’opinion pour discuter des présupposés genrés et culturels en matière d’entrepreneuriat et des difficultés qui en découlent pour les femmes. L’événement a également marqué le lancement de la nouvelle base de données S’inspirer. Se réaliser. du PCFE, dans laquelle figurent plus de 1 000 femmes entrepreneures primées au Canada qui brisent les stéréotypes sur l’entrepreneuriat et qui en redéfinissent les contours et les activités.
« Ces femmes rebattent totalement les cartes en matière d’entrepreneuriat », a expliqué Suzanne Gagnon, titulaire de la chaire Canada Vie en éducation au leadership et professeure agrégée en leadership et en organisation à l’Université du Manitoba.

Les conséquences des stéréotypes sur les femmes entrepreneures

Une capture d’écran de Suzanne Gagnon commençant sa présentation, en regard d’une diapositive PowerPoint portant la mention « S’inspirer. Se réaliser. Conférence sur les femmes en entrepreneuriat 2021

Suzanne a jeté les bases de la discussion qui a suivi, en évoquant les travaux de recherche du PCFE concernant les stéréotypes sur l’entrepreneuriat et leurs profondes répercussions sur les expériences et les aspirations des femmes entrepreneures au Canada.

Souvent profondément ancrés dans notre culture, les stéréotypes sont des hypothèses selon lesquelles certaines caractéristiques sont associées à certains groupes de personnes.

Les stéréotypes ont une influence déterminante à chaque niveau de l’écosystème entrepreneurial. Au niveau sociétal, les stéréotypes influent sur la représentation des gens dans les médias, sur l’élaboration des politiques, sur le développement des infrastructures et sur le fonctionnement des systèmes. Au niveau organisationnel, ils façonnent les stratégies et les programmes et sont souvent renforcés par la culture organisationnelle. Au niveau individuel, les stéréotypes influent également sur les croyances, les choix et les comportements personnels.

« Il existe encore, dans les médias et ailleurs, des constructions sociales qui associent fortement les femmes aux tâches domestiques et aux responsabilités familiales, alors que les hommes sont censés représenter la norme ou la référence en matière d’entrepreneuriat », a expliqué Suzanne.

Elle a identifié trois domaines dans lesquels les conséquences des stéréotypes sont particulièrement notables pour les femmes entrepreneures :

  • La conception des programmes
    • Au Canada, les stratégies en matière de développement économique, d’innovation et de compétences s’articulent généralement autour des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) – autant de secteurs où les femmes entrepreneures sont sous-représentées.
  • Le financement
    • Les hypothèses voulant que les femmes sont peu enclines au risque et craignent l’échec sont renforcées par des récits médiatiques qui « sapent la crédibilité de la parole féminine », comme l’a expliqué Suzanne, car les médias ont tendance à insister sur les lacunes des femmes plutôt que sur leurs réussites et leurs talents. Puisqu’elles ne correspondent pas à la représentation stéréotypée de l’entrepreneuriat, les femmes sont moins susceptibles d’obtenir un financement de sociétés de capital-risque, d’investisseurs providentiels et d’autres acteurs financiers.
  • Les soutiens aux entreprises
    • Les incubateurs et les accélérateurs sont généralement conçus pour aider les entreprises à vocation technologique et manquent de programmes conçus spécifiquement pour les femmes. Des études montrent que seulement 5 à 10 p. 100 des bénéficiaires des programmes d’accélérateurs sont des femmes.

La « menace du stéréotype », comme l’a mentionnée Suzanne, a également de lourdes conséquences. Elle se manifeste quand les femmes et d’autres groupes sous-représentés internalisent des stéréotypes négatifs qui finissent par définir leur comportement. Les femmes sont par exemple considérées comme des « emprunteuses découragées », c’est-à-dire qu’elles ont besoin de financement mais n’en font pas la demande car elles craignent un refus. Ainsi, victimes régulières de préjugés fondés sur des stéréotypes, les femmes les internalisent et s’attendent donc à en être continuellement la cible, ce qui les empêchent de chercher un financement.

Suzanne a formulé une série de recommandations à l’intention des membres clés de l’écosystème, qui ont d’abord été publiées dans S’inspirer. Se réaliser. Femmes entrepreneures – Au-delà des stéréotypes, avant de lancer officiellement la base de données S’inspirer. Se réaliser.

« Nous espérons que cette ressource sera utile aux responsables des politiques, aux éducatrices et éducateurs et à toutes les organisations, dans tout le pays, qui travaillent quotidiennement pour soutenir les femmes entrepreneures, et qu’elle aidera les jeunes femmes de divers horizons à se référer à des modèles qu’elles peuvent imiter », a expliqué Suzanne.

Les femmes entrepreneures redéfinissent l’entrepreneuriat

Une capture d’écran prise lors de la table ronde virtuelle qui a réuni Suzanne Gagnon, Alison Kirkland, Emma Todd, Humaira Ahmed, Tanis Jorge et Anne Marte

Quatre femmes qui se distinguent dans les secteurs de la chaîne de blocs, de l’intelligence artificielle, de la technologie médicale et du développement professionnel nous ont rejointes pour partager leurs histoires dans le cadre d’un débat passionnant animé par Alison Kirkland, PDG d’OEFC.

Les femmes entrepreneures travaillant dans des secteurs à prédominance masculine n’ont pas toujours la possibilité de se référer à d’autres modèles féminins. Emma Todd, directrice générale du MMH Blockchain Group, a travaillé dans plusieurs grandes institutions financières avant de faire le saut vers l’entrepreneuriat et les cryptomonnaies. Elle s’est souvenue avoir été l’une des rares femmes de l’assistance, et la seule personne noire, lors des événements de réseautage pour les professionnels des cryptomonnaies auxquels elle a participé quand cette technologie a vu le jour.

« Je n’ai jamais vraiment suivi de modèles », explique-t-elle. « Je me suis lancée et j’ai agi. »

Anne Martel, cofondatrice d’Element AI, dont le père était pourtant lui-même entrepreneur, a rappelé que l’entrepreneuriat n’était pas considéré comme une voie acceptable pour une femme. Elle a expliqué qu’au départ, son père ne souscrivait pas à son choix de se lancer dans l’entrepreneuriat et qu’il la voyait plutôt travailler comme avocate ou médecin, ou suivre une autre voie professionnelle offrant a priori plus de sécurité et de stabilité.

« Après avoir composé avec cette réalité pendant un certain temps, j’ai fini par trouver ma voie et décider que j’avais moi aussi le droit de me lancer et de prendre des risques », a affirmé Anne. À ses débuts, elle a par ailleurs constaté que les exemples de réussite étaient peu nombreux parmi les femmes entrepreneures dans le secteur de la technologie médicale.

Emma et Anne ont chacune trouvé ailleurs des modèles et l’inspiration nécessaires pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Emma a cité comme source d’inspiration sa grand-mère, qui a encouragé ses enfants à obtenir des diplômes universitaires grâce auxquels ils ont pu mener des carrières impressionnantes. Anne s’est tournée vers la fiction et l’histoire de ses ancêtres pour trouver des modèles féminins. Son arrière-grand-mère, qu’elle n’a jamais connue, a eu huit enfants et est devenue veuve à un jeune âge. Afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, elle s’est mise à fabriquer du beurre et des assaisonnements pour les vendre aux autres habitants de son village.

La cofondatrice de Trulioo, Tanis Jorge, est également issue d’une famille d’entrepreneurs. Sa mère et son père dirigeaient ensemble une entreprise florissante de vente d’aspirateurs, si bien qu’elle a toujours envisagé de se lancer dans l’entrepreneuriat. Les parents de l’homme qui allait devenir son mari cogéraient eux aussi une entreprise quand elle l’a rencontré à l’école secondaire. Le fait de voir sa mère et celle de son petit ami jouer un rôle aussi central dans ces deux entreprises a été pour elle une source d’inspiration en tant qu’entrepreneure en herbe.

Tanis a créé sa première entreprise dès la fin de ses études secondaires avec son meilleur ami, qui l’a toujours soutenue et valorisée, mais on lui a demandé s’ils étaient en couple à plusieurs reprises dans le cadre de ses activités professionnelles. Elle a précisé qu’elle prenait toujours soin de porter son alliance en ces occasions. Malgré cela, et même après avoir expliqué qu’elle était mariée, certaines personnes poussaient leur curiosité jusqu’à demander si les deux cofondateurs n’avaient pas une liaison.

De son côté, Anne a eu affaire à des investisseurs en capital-risque qui cherchaient à savoir quand elle allait avoir des enfants.

Humaira Ahmed, PDG de Locelle, qui a vécu le même genre d’expériences, a évoqué l’importance du travail affectif à mener pour s’efforcer de s’habiller d’une manière qui puisse être jugée « acceptable » pour une fondatrice d’entreprise et de répondre à des questions que l’on pose à une femme entrepreneure, mais pas à un homme. Elle s’est souvenue avoir entendu des commentaires du type « ça ne peut pas être la fondatrice, elle ressemble à quelqu’un qui fait du marketing » et avoir dû repousser les avances de certains hommes dans des situations professionnelles, alors qu’elle aussi veillait à toujours porter son alliance.

« Il y a beaucoup d’obstacles et de défis, et un manque d’accès aux bons réseaux et aux bons capitaux », a expliqué Humaira. « Parfois, le travail émotionnel est trop important, alors qu’on aspire juste à faire son travail. »

Humaira a quitté le Pakistan pour s’installer au Canada alors qu’elle était une jeune femme, mais comme Emma et Anne, elle n’avait pas de modèles de référence féminins montrant que la voie de l’entrepreneuriat lui était ouverte. On attendait qu’elle mène une vie de femme au foyer comme les autres Pakistanaises de son entourage, et elle a été fiancée à 15 ans et à 17 ans à des hommes qu’elle ne connaissait pas. Sachant que seule l’éducation pouvait lui permettre de convaincre son père de la laisser emprunter une autre voie, Humaira a réussi à intégrer un programme d’études en génie logiciel dans la meilleure école pakistanaise. À son arrivée au Canada, elle a suivi un programme universitaire dont les participants étaient quasiment tous des hommes. En définitive, elle n’a pas terminé ce programme et s’est orientée vers les communications. Aujourd’hui, en tant qu’entrepreneure, Humaira considère Oprah Winfrey et Arlene Dickinson comme des modèles à suivre.

Malgré les défis qui se posent, toutes les participantes ont convenu que l’entrepreneuriat peut être incroyablement gratifiant. Elles ont souligné que le mentorat et l’accès aux bons systèmes de soutien peuvent grandement profiter aux femmes entrepreneures.

« Ne laissez personne vous empêcher de réaliser votre potentiel », a conclu Emma.

Regardez le webinaire de lancement à la demande pour en savoir plus sur le projet et sur les expériences de ces femmes entrepreneures remarquables.

Participez à la Conférence sur les femmes en entrepreneuriat 2021

Un encadré promouvant la session « Progrès et défis au sein de l’écosystème » de la Conférence sur les femmes en entrepreneuriat, prévue le 17 mars 2021, à 11 h HNE, avec les logos de la conférence, du PCFE et d’OEFC en regard

L’écosystème de l’entrepreneuriat féminin a considérablement changé depuis que le Canada a commencé à s’engager à soutenir les femmes entrepreneures dans le cadre de sa vision audacieuse en matière de croissance économique et d’inclusion à l’échelle du pays. Le 17 mars, nous passerons en revue l’évolution de l’écosystème et du système de travail pour les femmes entrepreneures, nous célébrerons les progrès réalisés, nous évoquerons les défis qui se posent et nous réfléchirons à la question cruciale : et maintenant?

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