Mikwam Makwa Ikwe (femme-ourse de glace) : analyse des besoins nationaux propres à l’entrepreneuriat féminin autochtone

Illustration de la couverture du rapport « Mikwam Makwa Ikwe (femme-ourse de glace) : analyse des besoins nationaux propres à l’entrepreneuriat féminin autochtone », conçue par Megan Currie de X-ing Design et représentant une femme, le regard tourné vers le nord, son avenir, devant une chaîne de montagnes bleues ondulantes et des aurores boréales roses et violettes, ainsi qu’une ourse polaire regardant vers la gauche, vers l’ouest.

Mikwam Makwa Ikwe, qui signifie « femme-ourse de glace » en anishinaabe, est le nom qui a été attribué au Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat, lors d’une cérémonie traditionnelle du calumet, par l’aînée Margaret Lavallee de la Première Nation Sagkeeng. L’ourse polaire est symbole de courage, de force et de protection.

Nous avons récemment lancé Mikwam Makwa Ikwe (femme-ourse de glace) : analyse des besoins nationaux propres à l’entrepreneuriat féminin autochtone, un nouveau rapport d’étude reposant sur une série de 16 consultations communautaires, qui ont été organisées en partenariat avec plus de 44 organismes et ont rassemblé en tout plus de 350 femmes entrepreneures autochtones et des acteurs de l’écosystème entrepreneurial.

La couverture captivante conçue par Megan Currie, de X-ing Design, est l’interprétation par l’illustratrice de Mikwam Makwa Ikwe, la femme-ourse de glace. Une femme se tient debout sur les rives d’un lac gelé aux côtés d’une ourse polaire; elle se tourne vers l’est et regarde vers le nord, son avenir. L’ourse polaire, qui regarde vers l’ouest et le passé, représente les savoirs issus de la tradition et de la culture et protège la femme tout au long de son parcours.

Capture d’écran montrant Ashley Richard en train de présenter les faits saillants du rapport de recherche, en regard d’une diapositive PowerPoint, sur laquelle on peut lire : « 16 tables rondes nationales organisées en 2020. Plus de 350 participantes de tout le Canada. Plus de 44 partenaires organisationnels. Tables rondes ciblant les femmes entrepreneures autochtones francophones et issues du secteur de la création. 12 grands obstacles recensés. Mise en vedette de diverses femmes entrepreneures autochtones issues de toutes les régions.

Ashley Richard, responsable de la liaison et du développement des partenariats avec les Autochtones au PCFE, a ouvert la séance et présenté le rapport. Au cours des consultations nationales, les participantes ont abordé trois questions clés, qui sont examinées en détail dans le document :

  • Quels sont les difficultés et les obstacles auxquels se heurtent les femmes entrepreneures autochtones?
  • Que signifie l’entrepreneuriat pour vous en tant que femme autochtone?
  • Comment sera l’entrepreneuriat féminin autochtone de demain?

Le rapport définit 12 grands obstacles rencontrés par les femmes entrepreneures autochtones, présente leurs causes profondes et met en vedette le profil de femmes autochtones qui ont surmonté ces difficultés pour fonder des entreprises prospères aux quatre coins du pays. Le rapport contient également plus de 30 recommandations qui visent spécifiquement les institutions financières autochtones et traditionnelles, les organismes de soutien aux entreprises, tous les ordres de gouvernement et les établissements postsecondaires.

Ashley Richard a souligné que le fait de mieux épauler les femmes entrepreneures autochtones, qui font face au racisme, à la discrimination et aux préjugés profondément ancrés du fait de la colonisation, contribuait non seulement au relèvement des communautés autochtones et de l’économie globale, mais aussi à la formation de modèles et de mentors à même d’accompagner les générations de femmes et de filles. Elle a partagé un souvenir émouvant au sujet de sa grand-mère, Mary Richard, pour illustrer ce point.

« Mon nom spirituel est Femme éternelle. Durant mon enfance, ma grand-mère m’a dit que cela signifiait que je deviendrais une femme puissante. “Encore plus puissante que moi”, selon ses mots. Ma grand-mère était une ardente défenseure de la communauté autochtone. Elle a joué un rôle fondamental dans la création de nombreux organismes et initiatives autochtones qui existent encore aujourd’hui », a-t-elle expliqué.

« J’ai eu un modèle qui m’a incitée à croire en moi. Malgré toutes les difficultés auxquelles j’ai été confrontée, je savais que j’allais continuer à avancer, parce que c’est ce que ma grand-mère m’avait dit. »

À l’avant-garde de la conception de programmes inclusifs   

Capture d’écran montrant Melissa Lunney, Bev Latter, Kara Thorvaldson et Misty Ireland, où la parole est à Misty

À la suite de l’exposé d’Ashley Richard, Kara Thorvaldson, stratège en recherches autochtones au PCFE, a animé une table ronde sur la manière dont les organismes peuvent mieux accompagner les femmes entrepreneures autochtones grâce à la conception de programmes inclusifs.

Bev Latter, spécialiste des programmes au sein de l’organisme Alberta Women Entrepreneurs (AWE), dirige le programme NextStep to Success depuis maintenant 10 ans. Le programme d’aide à l’élaboration de plans d’affaires affiche un impressionnant taux de réussite de 80 p. 100. D’après Bev Latter, le succès du programme repose sur le travail de consultation qui a été mené en amont auprès des communautés et des femmes entrepreneures autochtones et grâce auquel il a été possible de déterminer les besoins des participantes. Les liens ainsi tissés ont également permis à AWE de concevoir un programme de formation adapté aux spécificités culturelles.

Melissa Lunney, agente de promotion de l’accès aux marchés au sein de l’Initiative conjointe de développement économique (ICDE) et fondatrice d’Appdigenous au Nouveau-Brunswick, a souligné que les programmes de soutien aux Autochtones devaient associer pleinement les Autochtones dès le départ. Elle a fait valoir que les concepteurs et les coordonnateurs des programmes devraient faire preuve d’une plus grande souplesse, tenir compte des préoccupations et des critiques des participants et rester à l’écoute du changement pour répondre aux besoins des bénéficiaires.

Melissa Lunney a ajouté qu’il importait de concevoir des programmes en veillant à repérer et à éliminer tous les obstacles susceptibles d’exclure des participants potentiels. À titre d’exemple, le vocabulaire employé dans un formulaire de demande peut décourager les personnes qui ne s’identifient pas comme « entrepreneurs ». De plus, certaines personnes peuvent ne pas avoir les outils ou un accès à Internet haute vitesse pour bénéficier des ressources en ligne. Pour garantir l’accessibilité de ses programmes, l’ICDE fournit aux participants un Chromebook, qu’ils peuvent conserver par la suite, ainsi qu’une formation en littératie numérique et d’autres services intégrés comme la garde d’enfants.

Misty Ireland, directrice associée d’EntrepreNorth, a souligné qu’il était important pour les femmes entrepreneures autochtones de pouvoir tisser des liens constructifs avec leurs chargés de programme. En tant qu’Autochtone ayant elle-même bénéficié des services d’EntrepreNorth dans le passé, Misty Ireland est particulièrement bien placée pour accompagner des personnes qui ont été socialement conditionnées à douter de leur aptitude à réussir dans l’entrepreneuriat.

« C’est en croyant en notre mérite et en l’abondance des possibilités que nous pouvons élargir nos perspectives, renforcer notre créativité et ouvrir le champ des possibles afin d’avancer et de rendre le monde meilleur », a-t-elle affirmé.

Pleins feux sur les femmes entrepreneures autochtones

Capture d’écran montrant les intervenantes Melissa Lunney, Ashley Richard, Stacie Smith, Joella Hogan, Charlene SanJenko et Kara Thorvaldson, la parole étant à Charlene

Ashley Richard a clôturé l’émission en prenant part à une discussion inspirante avec trois femmes entrepreneures autochtones du Canada, mises en vedette dans le rapport, au sujet de leurs motivations et du rôle joué par leur communauté dans leurs activités.

Charlene SanJenko, fondatrice et directrice générale de PowHERhouse, s’est lancée dans l’entrepreneuriat à impact social en se demandant quel rôle sa petite équipe de femmes autochtones et non autochtones pourrait jouer, compte tenu des dons de chacune. Au cours des huit dernières années, PowHERhouse a produit des médias à impact, notamment dans le domaine des arts numériques, pour aider les femmes à s’exprimer et à communiquer clairement leurs besoins.

« J’adore faire l’éloge des femmes extraordinaires de ma communauté qui sont peut-être trop timides pour se mettre en avant. Je le fais partout et tout le temps », a-t-elle affirmé. 

Lorsque Joella Hogan a eu la possibilité d’acheter la Yukon Soaps Company, elle a décidé d’allier ses deux passions : la science et sa culture. « Je m’attelle à partager mon apprentissage linguistique et culturel avec d’autres personnes. Je tiens vraiment à montrer les difficultés concrètes rencontrées par les femmes autochtones vivant dans les petites collectivités du Nord, mais aussi les aspects amusants de la revitalisation culturelle et tous les beaux moments qui vont avec », a-t-elle expliqué. Ainsi, des mots employés par sa grand-mère sont inscrits sur les emballages de ses produits, et des savoirs autochtones sur les ingrédients utilisés dans ses savons sont envoyés à ses clients.

« Mon action consiste à articuler des histoires de survie, notre culture et les enseignements des détenteurs de savoirs, afin de mettre en lumière les problèmes auxquels nous devons faire face dans le Nord », a-t-elle souligné.

Stacie Smith a fondé sa boutique Flowers North pour offrir à ses clients les senteurs de la terre grâce aux plantes et aux écorces qu’elle fait pousser avec ses enfants. Il lui tient à cœur non seulement de servir de modèle, mais aussi d’enseignante et de défenseure de la communauté. Elle embauche des Autochtones et encadre des étudiantes et étudiants autochtones. Elle met également un espace de sa boutique à la disposition d’artisans locaux pour qu’ils puissent vendre leurs produits. « Je veux les soutenir parce que des gens m’ont soutenue au cours de mon parcours. »

Les intervenantes ont estimé que ce rapport était un élément important de l’action menée en faveur de l’entrepreneuriat féminin autochtone au Canada. Elles ont également indiqué que les Canadiennes et Canadiens non autochtones jouaient un rôle important à cet égard, par exemple, en servant de mentors, en achetant des produits et des services autochtones, ainsi qu’en écoutant les préoccupations des Autochtones et en se faisant l’écho de leurs voix.

Comme Charlene SanJenko le dit simplement: « Nous avons allumé la flamme. Il nous faut maintenant l’attiser. »

Regardez le webinaire à la demande pour entendre nos formidables intervenantes.

S’inspirer. Se réaliser.

See It. Be It. campaign graphic featuring portraits of Charlene SanJenko and Joella Hogan.

Les stéréotypes qui associent le mot « entrepreneur » aux hommes [blancs] et à la technologie comptent parmi les obstacles les plus difficiles à surmonter pour les femmes entrepreneures. Nous savons que l’entrepreneuriat ne se limite pas à cette définition et qu’il inclut des femmes autochtones actives dans tous les secteurs.

Notre campagne « S’inspirer. Se réaliser. » vise à briser ces stéréotypes et à mettre en lumière le profil de femmes entrepreneures qui réussissent et peuvent servir de modèles et d’inspiration à d’autres femmes. Nous sommes également en train de concevoir une base de données regroupant plus de 1 000 femmes entrepreneures diversifiées et récompensées pour partager leurs histoires.

Utilisez le mot-clic #SinspirerSeRéaliser sur les médias sociaux pour prendre part à la discussion. Pour en savoir plus, rendez-vous sur wekh.ca/sinspirer-se-realiser/?lang=fr.

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