She-Covery : Le rôle de l’entrepreneuriat féminin dans la reprise postpandémique

Une illustration annonçant « She-Covery : Le rôle de l’entrepreneuriat féminin dans la reprise postpandémique » avec la photographie d’une femme assise devant un ordinateur et le mot-clic « #PCFE21 »

Maintenant que la priorité au Canada est à la reprise économique après la pandémie, il est plus que jamais essentiel de soutenir les femmes entrepreneures. Il ne fait aucun doute que les obstacles structurels auxquels les femmes entrepreneures sont confrontées de longue date ont été exacerbés par la pandémie de COVID-19, et qu’il est nécessaire d’agir au plus vite pour les aider à reprendre pied et à contribuer à la relance du Canada au maximum de leurs possibilités.

Pour réfléchir au meilleur moyen d’y parvenir, la Conférence sur les femmes en entrepreneuriat 2021 s’est ouverte le 23 février sur une présentation et une discussion stimulantes, sous l’intitulé « She-Covery : Le rôle de l’entrepreneuriat féminin dans la reprise postpandémique ».

Le logo de la Conférence sur les femmes en entrepreneuriat 2021 sur un arrière-plan bleu pâle, affichant aussi les logos du PCFE et d’OEFC

Présentée par le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) en partenariat avec Organisations d’entreprises de femmes du Canada (OEFC), la conférence réunit des chefs de file de l’écosystème et des femmes entrepreneures pour une série d’événements gratuits étudiant les possibilités et les défis qui surviennent pour les femmes entrepreneures au Canada pendant une pandémie mondiale, et dans son sillage.

L’honorable Mary Ng, ministre de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international a donné le coup d’envoi de la conférence en adressant un message aux participantes pour réitérer l’engagement du gouvernement fédéral à mener une reprise inclusive et féministe. « Nous savons que cette pandémie a touché de façon disproportionnée les femmes et les communautés qui étaient déjà sous-représentées au sein de notre économie », a expliqué la ministre Ng.

La ministre Ng a noté que le Canada se trouvait aujourd’hui à un moment critique, face à la possibilité sans précédent de remédier à ces inégalités et de reconstruire en mieux.

« Cette pandémie a mis en relief et exacerbé les inégalités existantes, et le travail accompli par le Portail de connaissances est plus essentiel que jamais. »

Que montrent les recherches?

Une capture d’écran de Wendy Cukier amorçant sa présentation, à côté d’une diapositive Powerpoint intitulée « Challenges and Opportunities for Diverse Women During the Pandemic » (défis et possibilités pour les femmes issues de la diversité pendant la pandémie)

Wendy Cukier, directrice du PCFE et fondatrice du Diversity Institute, a donné un aperçu des dernières recherches au sujet des femmes entrepreneures au Canada. Wendy a expliqué que la Stratégie canadienne globale pour les femmes en entrepreneuriat, qui représente un investissement public de près de 5 milliards de dollars visant à améliorer l’accès des entreprises appartenant à des femmes au financement, aux talents, aux réseaux et à l’expertise, était unique au monde. Non seulement l’engagement financier à l’égard du renforcement de l’écosystème est primordial, mais l’approche pangouvernementale adoptée, qui fait de l’entrepreneuriat féminin une partie intégrante de la stratégie de croissance du Canada, est potentiellement transformationnelle.

Pourtant, les répercussions disproportionnées de la COVID-19 sur les femmes entrepreneures risquent d’annuler les progrès obtenus de haute lutte par les femmes dans le domaine de l’entrepreneuriat. En fait, les recherches montrent que les entreprises appartenant à des femmes ont été contraintes de licencier davantage d’employés que celles dirigées par des hommes et qu’elles sont plus susceptibles d’avoir subi une baisse des recettes de 50 % ou plus, entre autres difficultés.

Dans le but de comprendre pourquoi et de trouver quoi faire pour les soutenir comme il se doit à l’avenir, Wendy a précisé qu’il était important de relever les caractéristiques des entreprises dirigées par des femmes et les différences entre les femmes entrepreneures elles-mêmes, dans toute leur diversité.

  • Les entreprises appartenant à des femmes ont tendance à être plus récentes, plus petites et moins bien financées que celles appartenant à des hommes
  • Les entreprises appartenant à des femmes sont concentrées dans des secteurs durement touchés, comme les services d’hébergement et de restauration, le commerce de détail, les soins de santé et l’aide sociale
  • Le travail à domicile non rémunéré et le manque d’accès à des services abordables de garde d’enfants font peser un fardeau écrasant sur de nombreuses femmes

Si l’on envisage la situation sous le prisme de l’intersectionnalité, le tableau est encore plus sinistre. Une étude du PCFE a conclu que les entrepreneures noires étaient confrontées à des obstacles singuliers, notamment le racisme anti-Noirs et les préjugés sexistes, et les répercussions disproportionnées de la COVID-19. Un récent sondage effectué par la Black Business and Professional Association (BBPA) suggère que les entrepreneurs noirs sont deux fois plus touchés par les effets négatifs de la pandémie, et ont presque deux fois moins de chances d’accéder aux programmes gouvernementaux ou aux prêts privés sur lesquels les autres entrepreneurs ont pu compter pour sortir de la tourmente.

Plus le regard se porte loin des centres urbains, plus le besoin d’une connexion à large bande abordable se fait pressant, tout particulièrement alors que la dépendance à Internet explose. « De nombreuses femmes rurales et autochtones qui comptent parmi celles qui ont le plus besoin d’accéder à des ressources et du soutien sont celles qui sont les moins susceptibles d’avoir accès à Internet », a révélé Wendy Cukier.

Le PCFE n’œuvre pas uniquement à promouvoir la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat et les intérêts des femmes entrepreneures issues de la diversité, mais à leur ouvrir les portes des institutions et organismes traditionnels qui investissent des milliards de dollars dans tout le Canada pour le développement économique, l’innovation et l’entrepreneuriat. Le but final consiste à créer un écosystème d’innovation inclusif en surmontant les obstacles grâce à une approche systémique aux niveaux sociétal, organisationnel et individuel de notre nation.

« Nous souhaitons nous assurer que les femmes obtiennent leur juste part », a déclaré Wendy.

Un moyen d’y parvenir est de modifier le discours concernant l’entrepreneuriat, et de dissocier le terme « entrepreneur·e » des sociétés technologiques à forte croissance habituellement dirigées par des hommes blancs. La campagne S’inspirer. Se réaliser. du PCFE expose les effets délétères de ce stéréotype et célèbre des femmes entrepreneures primées reflétant la diversité dans tout le pays et tous les secteurs.

« Si nous pouvons commencer à éroder le stéréotype de l’« entrepreneur » pour que les gens ne pensent pas à Gates, Zuckerberg, Musk et Jobs lorsque nous prononçons ce mot, nous aurons fait un grand pas. Parce qu’on ne peut pas s’inspirer de ce qu’on ne voit pas. »

Comment créer un écosystème entrepreneurial plus inclusif?

« Ce ne sont pas seulement des enjeux féminins, ce sont des enjeux économiques, et les responsables des politiques publiques devraient en prendre note. L’inclusion des femmes et des autres groupes défavorisés dans l’écosystème entrepreneurial est indispensable pour la reprise économique », a affirmé Michelle Eaton, vice-présidente des affaires publiques à l’Ontario Chamber of Commerce, et modératrice de la discussion entre spécialistes de l’événement de lancement.

Une capture d’écran des intervenantes ayant pris part à l’événement, c’est-à-dire Michelle Eaton, Nadine Spencer, Marcela Madeville, Maya Roy, Jill Earthy et Wendy Cukier, Marcela Madeville étant en train de parler

Jill Earthy (PDG, Women’s Enterprise Centre de Colombie-Britannique), Marcela Mandeville (PDG, Alberta Women Entrepreneurs (AWE)), Maya Roy (PDG, YWCA du Canada) et Nadine Spencer (présidente, Black Business and Professional Association) ont pris part à la discussion.

« Nous incarnons la vigueur, nous sommes une force avec laquelle il faut compter, et il est plus que temps de commencer à faire des plans d’avenir qui incluent les femmes de manière significative », a affirmé Marcela Mandeville.

« Les femmes sont les matriarches des familles, et nous devons les renforcer », a ajouté Nadine Spencer. Cependant, des problèmes de taille dépassant l’écosystème entrepreneurial représentent des défis majeurs pour les femmes de tout le pays. Nadine a évoqué l’histoire d’une participante au Boss Women Entrepreneurship Training Program de la BBPA, qui lui a téléphoné après un atelier pour lui confier que son mari l’avait frappée et rabaissée parce qu’elle essayait de progresser grâce à l’entrepreneuriat.

« Tels sont les défis dont personne ne parle », a poursuivi Nadine. Les discussions de ce type, a-t-elle expliqué, peuvent s’avérer utiles pour s’attaquer aux problèmes tels que la misogynie et la violence familiale. « Si nous avons conscience des problèmes, nous pouvons commencer à les résoudre. »

Maya Roy dirige des programmes d’accès au marché du travail et de formation à l’entrepreneuriat pour femmes de couleur depuis 20 ans, et a entendu des participantes au programme de la YWCA parler de leurs expériences durant la pandémie. Maya a vu le soutien communautaire devenir encore plus important pour les femmes entrepreneures marginalisées, en particulier au sein des communautés traditionnelles, pendant une période où la santé et le bien-être mentaux de nombreuses personnes ont été mis à rude épreuve. Certaines entrepreneures frisent l’épuisement professionnel, jonglant entre les responsabilités ménagères, le soin des aînés et des enfants, et leur propre travail. L’une des participantes a très bien résumé la situation : « La vie ne respecte pas les horaires de bureau. »

Tout au long de sa carrière, Jill Earthy s’est efforcée de démocratiser le financement et de le rendre plus accessible pour les femmes entrepreneures issues de la diversité. Selon elle, il est important d’admettre que les femmes ont souvent une approche différente des affaires, des trajectoires de croissance et des risques. Il peut être dommageable de déprécier les entreprises appartenant à des femmes sous le simple prétexte qu’elles n’empruntent pas la même trajectoire que les entreprises technologiques à forte croissance, par exemple. Jill a expliqué qu’il était également inconvenant de supposer que les femmes entrepreneures sont « frileuses » parce qu’elles sont plus enclines à financer elles-mêmes leurs entreprises ou à contracter des prêts plus modestes.

« Je préfère dire que les femmes entrepreneures sont « avisées »… Nous aimons réaliser nos propres recherches, comprendre quelles sont nos options et – je généralise, mais les données le prouvent – lorsque nous avons accès au capital, nous avons généralement tendance à demander des montants moins élevés sur une période plus longue. Et le résultat est vraiment incroyable : une croissance durable des entreprises », annonce-t-elle.

Il est ainsi essentiel que les gouvernements, les institutions et les organismes se mettent au niveau des femmes entrepreneures.

Marcela Mandeville a indiqué que pour ce faire, il fallait que les institutions financières examinent leurs politiques de près pour les affranchir des préjugés et les adapter aux trajectoires singulières qu’empruntent les femmes et aux écueils singuliers qu’elles rencontrent. Il est également possible d’offrir des soutiens enveloppants comme le mentorat et le conseil pour permettre aux femmes issues de la diversité de solliciter des fonds. Depuis 25 ans, AWE accorde des prêts accompagnés de semblables services complets, et affiche un excellent taux de réussite. Marcela est convaincue que ce modèle peut être élargi aux institutions financières traditionnelles.

« Les problèmes qui ont réellement émergé pendant la COVID-19 montrent que c’est le moment. Nous ne pouvons pas attendre encore 5 ou 10 ans pour réaliser ces changements », a-t-elle martelé.

Maya Roy a souligné l’importance de la collecte et de l’analyse de données désagrégées afin de trouver des moyens de mieux soutenir les femmes entrepreneures marginalisées. Il pourrait s’agir de comparer les recettes des femmes entrepreneures racialisées à celles des femmes entrepreneures qui ne le sont pas. « Si nous suivons les données, nous pouvons commencer à entrevoir des solutions et où procéder à des ajustements pour créer de meilleurs systèmes et processus. »

« C’est le moment de changer. C’est le moment de revoir notre manière de penser, de la redéfinir. Et de veiller à le faire dans une optique pleinement inclusive », a ajouté Jill Earthy.

Nadine Spencer a acquiescé en soulignant qu’il était essentiel que les institutions financières, les gouvernements et les organismes de soutien prennent conscience des réalités des femmes entrepreneures issues de la diversité.

« Quand nous venons vous voir, regardez-nous. Voyez la femme assise devant vous. Nous voulons être vues. »

Regardez le webinaire à la demande pour en savoir plus.

Participez à la Conférence sur les femmes en entrepreneuriat

Une illustration annonçant la prochaine session de la Conférence sur les femmes en entrepreneuriat, « S’inspirer. Se réaliser. – Briser les stéréotypes sur l’entrepreneuriat », le 5 mars 2021 à 13 h, HNE

Nous lancerons la base de données S’inspirer. Se réaliser., un ensemble de plus de 1 000 femmes entrepreneures canadiennes primées, le vendredi 5 mars 2021, dans le cadre de la prochaine session de la Conférence sur les femmes en entrepreneuriat.

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