Bâtir un écosystème d’innovation inclusif pour les femmes entrepreneures

Cet automne, la conférence annuelle du Conseil canadien des PME et de l’entrepreneuriat (CCPME) a accueilli un nouveau cycle spécial de conférences consacré à la thématique de l’entrepreneuriat féminin, avec le soutien du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat. La table ronde « Women’s Entrepreneurship Panel: Building an Inclusive Innovation Ecosystem » a fait le point sur la manière dont les études et les actions menées par le PCFE contribuent à remédier aux obstacles structurels et aux préjugés auxquels se heurtent les femmes entrepreneures dans notre société, au sein des organismes, ainsi qu’à travers les attitudes et les actions de chaque individu.

La directrice du PCFE Wendy Cukier a rejoint Suzanne Gagnon (titulaire de la chaire Canada Vie et directrice du James W. Burns Leadership Institute de l’Asper School of Business à Université du Manitoba) et Tania Saba (titulaire de la chaire BMO en diversité et gouvernance à l’Université de Montréal) pour un débat enrichissant dirigé par Abigail Slater (directrice de BL Management Holdings).

Suzanne Gagnon a ouvert l’événement en présentant les principales conclusions de ses recherches qui se sont penchées sur les facteurs macrosociaux susceptibles d’entraver les femmes entrepreneures, notamment la représentation de l’entrepreneuriat véhiculée par les médias. Les données recueillies au cours de ces recherches confirment l’existence de biais qui créent et perpétuent les stéréotypes sur les femmes entrepreneures, stéréotypes qui vont à leur tour façonner les normes sociales, influencer les décisionnaires et contrecarrer les ambitions des jeunes femmes et de celles issues de la diversité.

Plus concrètement, Suzanne Gagnon a mis en lumière l’existence d’un vocabulaire connoté négativement, employé pour évoquer les femmes entrepreneures. Les lacunes des femmes sont souvent mises en avant et certains laissent entendre que les femmes sont responsables des difficultés structurelles qu’elles rencontrent dans leur parcours d’entrepreneures. Suzanne Gagnon relève également que « […] les définitions restrictives de l’innovation et de l’entrepreneuriat ont, par un effet pervers, souvent empêché les femmes de se lancer dans l’entrepreneuriat ».

Il nous faut déconstruire ce discours. Si les normes culturelles qui en découlent constituent un obstacle de taille, Suzanne Gagnon affirme qu’elles peuvent également servir de puissant outil. Le PCFE s’est donné pour mission principale d’infléchir ces normes et prévoit de mener une campagne de sensibilisation pour renverser certains des nombreux stéréotypes sur les femmes entrepreneures.

« Cette représentation idéologique est profondément ancrée [dans la société]; pour en venir à bout, il nous faut également miser sur l’action collective », a conclu Suzanne Gagnon.

Wendy Cukier a présenté dans les grandes lignes les efforts engagés par le PCFE et le Diversity Institute pour impulser un changement au sein de l’écosystème à l’échelle de la société, des organismes et des individus. L’institut a notamment accompli un travail crucial ces dix dernières années grâce à l’élaboration du Diversity Assessment Tool, un outil destiné à mettre en évidence les obstacles auxquels se heurtent les femmes entrepreneures et les entrepreneurs issus de la diversité lorsqu’ils interagissent avec des acteurs clés de l’écosystème comme les organismes de financement, les établissements financiers, les incubateurs et les accélérateurs d’entreprises, les programmes de soutien aux entreprises et les programmes de formation, ou encore les universités. L’outil vise à examiner les difficultés rencontrées dans six domaines — gouvernance, ressources humaines, indicateurs, culture, chaîne de valeur et plan de sensibilisation — et, à partir de données probantes, établit une évaluation des politiques et pratiques existantes afin d’aider les organismes à élaborer de nouvelles stratégies. Le Diversity and Inclusion associé à l’outil présente un éventail de pratiques exemplaires dont les organismes peuvent s’inspirer pour mettre en place de nouvelles lignes de conduite. Avec le concours des réseaux d’incubateurs, des supergrappes d’innovation, des organismes de financement et des établissements financiers, l’institut entend décloisonner l’écosystème et ménager un meilleur accès au financement à chaque étape du parcours entrepreneurial.

« Il est incontestable qu’avec les cinq milliards de dollars investis dans la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat, le Canada est un fer de lance à l’échelle mondiale, mais nous pouvons redoubler d’efforts et démocratiser l’accès aux ressources à l’échelle du gouvernement et de l’écosystème », estime Wendy Cukier.

Celle-ci a par ailleurs souligné qu’il était essentiel de s’attaquer au problème d’ordre individuel en ciblant les attitudes, les compétences et les comportements. Cette stratégie repose sur la déconstruction des biais cognitifs des décisionnaires et des prescripteurs, qu’ils en aient conscience ou non. Le PCFE s’attache également à consolider les aptitudes des femmes entrepreneures et des organismes qui les accompagnent en diffusant des ressources clés et des pratiques exemplaires, mais aussi en démystifiant le processus de constitution en société (en anglais) et les avantages potentiels de l’exportation.

Responsable de la région Québec pour le PCFE, Tania Saba s’est intéressée aux conséquences de la pandémie de COVID-19 pour les femmes entrepreneures au Québec. À travers son travail, elle a examiné les moyens par lesquels les femmes entrepreneures peuvent renforcer leurs compétences et survivre à la crise, et acquérir l’assurance nécessaire pour la surmonter. « Pour survivre dans un environnement instable, les PME doivent faire preuve de flexibilité et être disposées à réorienter leur activité en fonction du contexte », a observé Tania Saba.

Tania Saba a expliqué de quelle manière le dispositif PCFE/FWE : Plateforme de partage aidait les femmes entrepreneures de tout le Canada à surmonter la crise. Gratuite et bilingue, cette plateforme facilite la mise en relation des entrepreneures qui s’identifient comme des femmes et des entrepreneurs non binaires avec les organismes qui les soutiennent. La plateforme constitue également un espace de mise en commun de ressources, de conseils et d’expertises. Demandez simplement ce dont vous ou votre entreprise avez besoin, ou diffusez une publication dans laquelle vous Donnez ce que vous pouvez offrir aux autres membres de la plateforme. Découvrez la Plateforme de partage et créez votre compte.

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